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- Téo Perrin
- 16 mai 2022
Remise des diplômes 2022 à AgroParisTech : appel à changer de système
Début mai, alors que des centaines d’étudiants étaient réunis pour la cérémonie des diplômes d’AgroParistech, tous en costumes croisés et tenues de soirée, tous rythmés par l’arrivée sur scène de huit étudiants sur une musique de Sexion d’Assaut, l’ambiance a alors vite changé. Ces huit étudiants ont pris la parole pour appeler leurs camarades à déserter une « industrie qui mène la guerre au vivant » et à refuser un système plus destructeur que novateur. Retour sur leur discours tant politique que militant.
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AgroParisTech : l’école d’ingénieurs de l’agronomie
Pendant leurs trois années à AgroParisTech, les futurs agronomes se forment à des métiers dans les secteurs du vivant – alimentation, santé, protection de l’environnement ou encore valorisation des territoires. Le rôle des agronomes est central dans la construction de nos modes d’alimentation, de consommation et d’agriculture car ils participent au développement de nouvelles plantes, mettent au point des techniques d’élevage ou des procédés médicaux.
Arrivés à la fin de leur formation, la majorité des diplômés d’AgroParisTech part dans des sociétés de conseil et de services ou dans l’industrie agroalimentaire.
Dénonciation d’une formation qui pousse à participer aux ravages sociaux et écologiques
C’est de ce constat que sont partis ces huit étudiants, prenant la parole devant leurs camarades de promotion afin de les inviter à refuser un système. Refuser un système qui considère les ravages écologiques et sociaux comme « des défis auxquels il faut trouver des solutions en tant qu’ingénieurs ». Refuser un système fait de rapports RSE cachant les ravages écologiques réels et ne poussant pas véritablement à l’action.
Pour eux, l’innovation technologique et les startups ne sauveront rien d’autre que le capitalisme. En somme, le progrès technique n’est pas apolitique, est donc venue l’heure du choix… car il ne sert à rien « d’attendre le 12ème rapport du GIEC qui démontrera que les Etats et les multinationales n’ont jamais fait qu’aggraver les problèmes et qui placera ses derniers espoirs dans les révoltes populaires ».
Appel à déserter l’industrie agroalimentaire
Dès le début de leur discours, les jeunes diplômés appellent explicitement à déserter l’industrie agroalimentaire. Pour eux, travailler dans ce secteur participe notamment à l’élaboration de nouvelles recettes ou des nouveaux semis qui cherchent sans cesse une productivité toujours plus forte. Au détriment du vivant. « Nous voyons que l’agro-industrie mène une guerre au vivant et à la paysannerie ». Vient alors l’heure de l’appel à la mobilisation générale, une étudiante s’avance sur scène et s’adresse à tous. « Nous nous adressons à celles et ceux qui doutent, que ce doute soit quotidien ou fugitif… à vous qui assis derrière un bureau rêvez d’espace et de liberté, qui trouvez souvent que ce monde est fou… il y a vraiment quelque chose qui cloche, nous avons cherché d’autres voies et à construire nos propres chemins ».
Dénonciation de débouchés destructeurs
« AgroParisTech nous apprend à trafiquer en labo des plantes qui renforcent l’asservissement des agriculteurs ; à mettre au point des labels bonne conscience pour permettre aux cadres de se croire héroïques, ou encore à pondre des rapports RSE qui cachent les ravages réels de notre industrie ».
Pour ce collectif « Agros qui bifurquent », ces métiers font davantage partie des problèmes que des solutions.
Tous énoncent ensuite leur engagement, pour l’un en apiculture dans le Dauphiné, pour l’autre dans l’agriculture vivrière à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, ou encore pour un dernier, en s’engageant contre le nucléaire près de Burre…
Appel à construire un autre monde
Alors que le simple engagement militant et activiste pourrait motiver ce discours, il y a dans leurs revendications un appel plus philosophique. Celui qui nous invite toutes et tous, étudiants de Grandes Ecoles, à choisir le monde dans lequel nous voulons évoluer et vivre ; et non pas, à se voir enfermés dans un système fait de finance, d’industries et de consumérisme. C’est un appel à façonner le monde selon nos propres valeurs car les revendiquer sur sa seule story Insta ne construit fondamentalement rien de nouveau.
Reste cependant à s’interroger sur les répercussions de ce discours sur leurs camarades de promo, mais surtout à se demander si se mettre en marge d’un système pour le combattre est le moyen le plus efficace pour réussir à le faire évoluer, et si finalement, leur action la plus significative ne serait pas ce discours qui est à retrouver ici : video.
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