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Le « wokisme » qu’est-ce que c’est ?
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Maxime Diguet
- 13 mai 2022

La première utilisation moderne du terme « woke » apparaît dans la chanson Master Teacher de la chanteuse de soul Erykah Badu (album New Amerykah Part One (4th World War en 2008).
Le terme « woke » encore assez inconnu en France il y a quelques années est devenu une notion incontournable dans les médias et dans le débat public d’autant plus qu’il provoque un certain clivage et un débat rugueux dans les milieux universitaires, médiatiques et politiques français comme lorsqu’il est question d’« islamo-gauchisme » ou de « cancel culture ».
Mais qu’est-ce-que le « wokisme » ? Pourquoi cette notion fait autant débat en France ?
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Qu’est-ce-que le « wokisme » ?
L’origine du terme « woke » se situe au début des années 1960 aux États-Unis dans le mouvement pour l’accès des Noirs aux droits individuels civiques avec notamment Martin Luther King qui appelle les jeunes Américains à « rester éveillés ».
Pour être plus précis, Etre « woke », signifie « être activement attentif à d’importants faits ou problèmes, notamment les questions raciales et l’égalité sociale » selon le dictionnaire Merriam-Webster (l’équivalent du Larousse américain)
Cette expression tombée peu à peu dans l’oubli revient dans le débat américain dès 2014 avec le meurtre de Michael Brown, jeune Afro-américain de 18 ans non-armé, par la police à Ferguson dans le Missouri. En 2016, le documentaire « Stay Woke : The Black Lives Matter Movement », va ancrer durablement ce terme dans le mouvement Black Lives Matter, avant de se répandre dans le monde dans d’autres domaines militants.
Ainsi, le «wokisme» est devenu un phénomène global pour dénoncer l’ensemble des formes d’injustice subies par les minorités religieuses, sexuelles et ethniques.
Pourquoi ce terme fait-il autant débat ?
Le terme woke a récemment fait irruption dans le débat politique et médiatique au Royaume-Uni en Allemagne mais aussi en France.
En effet, les premières apparitions du terme « woke » datent de 2018 dans le journal Le Monde, qui publie un article intitulé « Ne soyez plus cool, soyez « woke ». Les occurrences de ce mot dans les médias et sur les réseaux sociaux augmentent très fortement durant l’année 2021 selon une analyse du Twitter francophone faite par franceinfo.
Pour ceux qui s’opposent au wokisme, les personnes qualifiées comme étant « woke » sont des personnes qui veulent créer un projet de société, basé sur la « cancel culture » (culture de l’annulation). Leur autre crainte est l’importation d’un débat sur la « race » ce qui est d’après eux contraire à l’universalisme français.
Il faut cependant rappeler que ce terme est un sujet très sensible. En effet il induit des questionnements et des débats sur d’autres sujets comme l’écriture inclusive, les réunions en non-mixité et l’intersectionnalité avec des visions très différentes des individus selon leur appartenance politique, religieuse ou sociale.
Pour conclure, ce terme fait l’objet d’un débat très musclé dans les milieux universitaires et politiques tandis que dans la société très peu de personnes connaissent ce terme.
En effet, en mars 2021, un sondage Ifop pour L’Express montrait que seuls 6% des Français estimaient savoir ce qu’était la « pensée woke », tandis que 86% des personnes interrogées n’en avaient jamais entendu parler.
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