Démission de Klaus Schwab, fondateur du Forum économique mondial

Démission de Klaus Schwab, fondateur du Forum économique mondial

Le Forum économique mondial a ouvert une enquête interne à l’encontre de son fondateur Klaus Schwab sur fond d’accusations de malversations financières… Une affaire qui remet en cause l’image d’une institution symbole du dialogue économique mondial.

 

Klaus Schwab, fondateur du Forum économique mondial (WEF)

Né en 1938 à Ravensburg, en Allemagne, Klaus Schwab est ingénieur de formation. Il est diplômé de l’École polytechnique fédérale de Zurich, et obtient un doctorat en sciences économiques à l’Université de Fribourg. Il finalise son parcours par un diplôme en administration publique à l’Université d’Harvard en 1967.  

Klaus Schwab est mondialement connu pour son rôle de fondateur du Forum économique mondial. En 1971, alors qu’il est encore professeur d’économie à Genève, il lance et transforme le « European Management symposium », simple réunion s’intéressant au management en une réunion annuelle incontournable qui deviendra le Forum de Davos. Pendant plus de 50 ans, Schwab a incarné l’esprit du dialogue public-privé global, faisant du Forum une plateforme influente dans la gouvernance mondiale.

 

Le Forum économique mondial

Le Forum économique mondial ou World Economic Forum (WEF) est devenu au fil des décennies un rendez-vous incontournable des élites économiques et politiques. De nombreuses décisions d’envergure ont été permises lors de tables rondes dans les Alpes suisses, comme la Déclaration de paix entre la Turquie et la Grèce en 1988 ou le lancement de l’Alliance Gavi pour les vaccins en 2000. Le WEF se définit comme une « plateforme mondiale, impartiale et à but non lucratif pour une connexion significative entre les parties prenantes afin d’établir la confiance et de construire des initiatives pour la coopération et le progrès ». Sa mission est selon lui d’« améliorer l’état du monde ».

 

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Une démission soudaine sur fond de soupçons

Lundi 21 avril 2025, Klaus Schwab, fondateur et figure historique du Forum économique mondial de Davos, a annoncé sa « démission immédiate » de la présidence du conseil d’administration de l’organisation. Officiellement, il justifiait ce retrait par son âge avancé (86 ans). Mais en réalité, d’après le Wall Street Journal,  c’est une lettre anonyme qui aurait conduit à cette annonce. Révélée par le quotidien économique, cette lettre accuse Klaus Schwab et son épouse Hilde de nombreuses fraudes financières et éthiques. La lettre a fait l’effet d’une bombe, poussant le Conseil du Forum à se réunir en urgence dimanche de Pâques. Une enquête interne a été décidée à l’unanimité.

Klaus Schwab, qui avait initialement prévu de se retirer progressivement d’ici 2027, était déjà sous le regard du Wall Street Journal. En effet, l’année dernière, le journal transatlantique avait déjà publié une longue enquête laissant supposer une atmosphère de travail « toxique » aux côtés de Klaus S.

 

Schwab et le Forum réagissent

Dans un communiqué, Klaus S. rejette catégoriquement l’ensemble des accusations. Accusé d’avoir demandé à de jeunes employés de retirer des « milliers de dollars », il dénonce une campagne de diffamation. Il a annoncé avoir porté plainte contre X pour défendre son honneur et affirme « Il n’y a pas l’ombre d’une preuve pour toutes ces accusations ».

Face aux accusations, Schwab a démissionné et renoncé à sa pension de retraite de 5 millions de francs suisses, selon ses proches.

De son côté, le conseil d’administration soutient « unanimement la décision du Comité d’Audit et Risque de lancer une investigation suite à une lettre de lanceur d’alerte ». Si ce dernier « prend ces accusations au sérieux », il rappelle que les accusations ne sont « pas prouvées » et préfère attendre la fin de l’enquête avant de faire plus de commentaires.

Pour la suite, un comité de sélection a été mis en place pour désigner un nouveau président au plus vite. En attendant, l’intérim à la tête du conseil d’administration est assuré par son vice-président, Peter Brabeck-Letmathe, ancien PDG de Nestlé.

 

Une institution en quête de renouvellement

Comme de nombreuses organisations internationales, le WEF génère de nombreuses fake news et théories du complot. L’image de centre de dialogue global est régulièrement critiquée par les ONG, les syndicats et les mouvements altermondialistes. Davos est régulièrement accusé de vouloir mettre en place un « nouvel ordre mondial » pour « contrôler les populations ». Le Forum est souvent dénoncé comme le symbole du capitalisme déconnecté des réalités sociales, faisant pression sur les gouvernements.

En 2020, l’ouvrage de Schwab, The Great Reset (en français, La Grande Réinitialisation) avait ajouté du feu aux poudres parmi les sphères complotistes. Ces derniers y voyant une tentative des élites mondiales pour détruire les démocraties et asservir l’humanité.

 

Conclusion : un tournant historique pour Davos

L’enquête ouverte sur Klaus Schwab constitue un tournant sans précédent dans l’histoire du Forum de Davos. Même si aucune preuve formelle n’a encore été rendue publique, les accusations relayées jettent une ombre sur l’héritage de son fondateur. L’enjeu est de taille pour une telle institution. Le Forum économique mondial souligne régulièrement les risques croissants de la désinformation, dans un monde en perpétuelle évolution et dans un contexte où, dans les prochaines années, de nombreux pays vont se rendre aux urnes et où l’intelligence artificielle ne cesse de progresser en légitimité.


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Etudiant en M1 à TBS Education & Rédacteur Mister Prépa et PGE