Moteurs de recherche : le français Qwant rachète Lilo pour une alternative européenne et éthique à Google
Face à la domination de Google, Qwant rachète son compatriote Lilo, un moteur de recherche solidaire, pour gagner en indépendance technologique. Une étape clé pour ce petit acteur français qui ambitionne de devenir une alternative européenne éthique.
Lilo et Qwant : deux acteurs français encore timides
Lilo est un moteur de recherche français fondé en 2015. Semblable à l’allemand Ecosia, Lilo propose à ses utilisateurs de transformer leurs recherches en dons pour des projets sociaux et environnementaux. Chaque requête de l’utilisateur lui rapporte une “goutte d’eau” virtuelle qu’il peut verser à des causes diverses. Depuis sa création, Lilo a déjà reversé plus de 5 millions d’euros, c’est-à-dire 80% de ses bénéfices, à des associations.
De son côté, Qwant, lancé en 2011 par Éric Léandri, Jean-Manuel Rozan et Patrick Constant, se distingue par son engagement en faveur de la vie privée de ses utilisateurs. Contrairement à ses concurrents comme Google ou Bing, Qwant ne collecte ni ne revend ses données personnelles, et ne trace pas ses utilisateurs.
Alors que Google est le leader incontesté des moteurs de recherche avec près de 90% de part de marché, Qwant, Lilo, ou encore Ecosia sont sous les 1% de parts de marché. Bing, Yandex et Yahoo ont eux, respectivement, 3%, 2,5% et 1,3%.
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Une acquisition symbolique et stratégique
Le montant de l’opération n’a pas été communiqué, mais l’annonce marque une étape importante dans le repositionnement de Qwant. Avec cette acquisition, elle s’offre non seulement un label “solidaire” incarné par Lilo mais également un million d’utilisateurs mensuels supplémentaires. Ces nouveaux visiteurs qui s’ajoutent aux six millions revendiqués par Qwant permettront d’attirer de nouveaux annonceurs mais également de fournir plus de données à analyser. Néanmoins, on ne sait pas encore si les deux moteurs de recherche vont fusionner ou simplement coexister.
Une réponse à la dépendance technologique
Au-delà du symbole, ce rachat s’inscrit dans une dynamique plus large : celle de l’émancipation de Qwant vis-à-vis des géants du web. Actuellement, l’essentiel des résultats proposés par Qwant provient de l’index de Microsoft Bing. Or, en 2023, Microsoft a drastiquement augmenté les tarifs de son API de recherche, mettant sous pression les acteurs qui en dépendent.
Pour y remédier, le moteur de recherche tricolore Qwant a annoncé fin 2024 la création d’une coentreprise avec son homologue allemand Ecosia. Ensemble, ils souhaitent développer un index de recherche indépendant et européen. Cette nouvelle solution numérique devrait être lancée prochainement en français et en allemand, avant d’être élargie à l’anglais. Une API commune permettra aussi à d’autres acteurs d’y accéder.
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Une ambition renouvelée avec l’intelligence artificielle
Face à l’essor de l’intelligence artificielle générative, Qwant renouvelle son ambition. Alors que des services comme ChatGPT ou Perplexity transforment les usages de la recherche en ligne, Qwant a annoncé une collaboration avec Mistral AI. La startup française spécialisée dans l’IA développera aux côtés de Qwant des solutions de retrieval-augmented generation (RAG), qui croisent bases de données fiables et algorithmes de génération afin d’améliorer la pertinence des résultats.
Conclusion : La lutte face aux géants américains se poursuit
Le rachat de Lilo par Qwant symbolise bien plus qu’une simple consolidation entre deux moteurs de recherche français. Il incarne une ambition stratégique : construire une alternative européenne souveraine, éthique et solidaire face à la domination écrasante de Google et à la dépendance technologique envers les infrastructures américaines. En s’associant à des acteurs comme Ecosia et Mistral AI, Qwant veut accélérer sa montée en puissance, misant sur un moteur respectueux de la vie privée, solidaire et enrichi par l’intelligence artificielle. Un pari audacieux, mais nécessaire, pour défendre une vision européenne du numérique.
