
- CARRIÈRE
- Auriane Ducherpozat
- 15 mai 2025
Le freelancing chez les jeunes diplômés : une tendance en hausse ?
Depuis quelques années, une nouvelle tendance s’impose doucement mais sûrement dans le paysage de l’emploi des jeunes diplômés : le freelancing. Travailler à son compte, gérer ses missions, fixer ses tarifs, choisir ses clients… Autant d’éléments qui séduisent une jeunesse avide d’autonomie, en quête de sens et de liberté dans sa vie professionnelle. Mais ce modèle est-il vraiment viable après une grande école ? Est-ce un choix de conviction ou par défaut ? Et surtout, à quels enjeux faut-il faire face lorsqu’on se lance ? Décryptage.
Le freelance, c’est quoi exactement ?
Le freelancing, ou travail indépendant, désigne le fait d’exercer une activité sans lien de subordination, souvent sous le statut de micro-entrepreneur. Le freelance vend ses services à des clients, sans être salarié. Il peut intervenir dans une multitude de secteurs : marketing, finance, informatique, communication, design, traduction, conseil, développement web…
Contrairement à l’idée reçue selon laquelle le freelancing serait réservé aux profils seniors ou ultra-experts, de plus en plus de jeunes diplômés choisissent cette voie dès leur sortie d’école. Selon une étude de BCG, les freelances ont en moyenne 37 ans et 81% d’entre eux sont diplômés d’un bac+3.
Pourquoi les jeunes diplômés se tournent-ils vers le freelancing ?
La première motivation qui revient chez les jeunes freelances, c’est la volonté d’indépendance et de flexibilité. Ils souhaitent choisir leurs projets, organiser leur emploi du temps, travailler depuis n’importe où, parfois même voyager en parallèle. Un mode de vie qui contraste fortement avec les horaires rigides et la hiérarchie parfois pesante de certaines entreprises.
En outre, une partie des jeunes diplômés se montre désenchantée vis-à-vis du monde du travail classique. Pression constante, manque de reconnaissance, manque de sens… Certains préfèrent s’affranchir des codes traditionnels. Le freelancing apparaît alors comme un moyen de reprendre le contrôle.
Enfin, grâce aux plateformes comme Malt, Upwork, Fiverr, Crème de la Crème, ou encore FreelanceRepublik, il n’a jamais été aussi simple de trouver des missions en ligne, de créer son profil et de débuter rapidement. Les barrières à l’entrée sont faibles, ce qui facilite l’accès à cette forme d’emploi.
Lire plus : Freelance, un statut qui séduit de plus en plus les jeunes diplômés
Les secteurs les plus propices au freelancing
Certaines compétences se prêtent particulièrement bien au modèle freelance, notamment les compétences numériques et créatives :
- Développement web & informatique
- Data analysis / data science
- Design UX/UI
- Communication & branding
- Marketing digital (SEO, SEA, réseaux sociaux)
- Copywriting, rédaction, traduction
- Finance & contrôle de gestion (missions ponctuelles)
- Conseil en stratégie ou en organisation
Les jeunes diplômés qui se spécialisent dans ces domaines en école peuvent rapidement valoriser leurs compétences dans le cadre de missions indépendantes. Cette activité peut parfois même se faire en parallèle des études ou d’un premier emploi.
Lire plus : Devenir Freelance : Le guide étape par étape
Les avantages du freelancing en début de carrière
- Autonomie totale : choisir ses horaires, ses projets, ses clients.
- Apprentissage accéléré : vous gérez à la fois la relation client, la prestation, la facturation, la prospection…
- Flexibilité : idéal si l’on souhaite tester plusieurs métiers ou secteurs.
- Rémunération variable mais souvent attractive selon les expertises (certains jeunes freelances gagnent plus de 3000 €/mois dès la première année).
- Portefeuille de missions valorisant : enchaîner des projets pour plusieurs entreprises donne de la densité à un CV.
Lire plus : Comment devenir freelance quand on sort tout juste de ses études ?
Pourquoi les jeunes diplômés se tournent-ils vers le freelancing ?
Le freelancing, s’il offre une grande liberté, comporte aussi plusieurs limites et défis qu’un jeune diplômé doit anticiper. Le premier obstacle majeur est l’irrégularité des revenus. Contrairement au salariat, il n’y a pas de salaire fixe, pas de congés payés, ni d’indemnités chômage. Le jeune freelance doit donc apprendre à gérer son budget avec rigueur et à anticiper les périodes creuses, parfois longues et imprévisibles.
Un autre défi est l’isolement. Travailler seul au quotidien, sans collègues, peut finir par peser sur le moral. Pour lutter contre cette solitude professionnelle, il est essentiel de s’entourer. Les espaces de coworking, les communautés de freelances en ligne ou les événements de networking permettent de recréer du lien social et professionnel.
Vient ensuite la question de la légitimité. À 22 ou 23 ans, convaincre un client de confier une mission n’est pas évident. Il faut alors redoubler d’efforts pour soigner son portfolio et adopter une tarification attractive en début de carrière. En outre, il faut capitaliser sur les premiers retours clients positifs afin de construire progressivement sa réputation.
Enfin, il ne faut pas sous-estimer la gestion administrative. Être freelance, c’est aussi être entrepreneur. Il faut choisir un statut juridique, émettre des factures, déclarer ses revenus, payer ses cotisations sociales à l’URSSAF… Cela nécessite un minimum de rigueur et parfois une formation complémentaire pour comprendre les bases de la fiscalité et de la gestion d’entreprise.
Freelance ou CDI ? Une question de timing
Choisir le freelancing ne signifie pas forcément renoncer au salariat. De nombreux jeunes freelances commencent par quelques missions à côté de leurs études, voire en parallèle d’un premier emploi. D’autres alternent entre périodes de freelancing et CDI.
Ce modèle hybride est de plus en plus courant : tester le freelancing après le diplôme permet de se découvrir professionnellement avant de s’engager dans une entreprise.
Une tendance durable ?
Avec la montée du télétravail, l’envie d’indépendance des jeunes et la transformation du marché du travail, le freelancing semble s’installer durablement comme une vraie voie professionnelle, complémentaire des modèles traditionnels.
Même certaines entreprises s’adaptent à cette tendance : elles font appel à des freelances sur des projets ponctuels ou même sur le long terme, via des plateformes spécialisées.
Ainsi, le freelancing séduit de plus en plus de jeunes diplômés à la recherche d’autonomie, de diversité et de sens. Si ce modèle comporte des risques et exige une grande discipline, il offre aussi une liberté rare en début de carrière, tout en permettant d’acquérir des compétences rapidement.
Ce n’est pas un choix par défaut, mais un choix réfléchi, aligné avec les aspirations d’une génération qui souhaite travailler autrement. À condition d’en comprendre les rouages, le freelancing peut devenir un véritable tremplin professionnel.