Travailler dans l’humanitaire après une école de commerce : rêve ou réalité ?

Travailler dans l’humanitaire après une école de commerce : rêve ou réalité ?

Quand on pense école de commerce, on imagine souvent la finance, le conseil ou le marketing. Mais derrière les clichés, un nombre croissant d’étudiants aspirent à une carrière porteuse de sens. Parmi leurs rêves les plus ambitieux : travailler dans l’humanitaire. Pourtant, ce secteur semble bien éloigné des compétences classiques acquises en école. Alors, rêve inaccessible ou véritable voie à explorer ? Peut-on vraiment passer des amphithéâtres de la stratégie d’entreprise aux terrains d’action du développement ? Décryptage.

 

Un rêve partagé par de nombreux étudiants

Dès les oraux d’admission, nombreux sont les candidats qui parlent d’impact social, d’ONG et de solidarité. L’humanitaire continue de nourrir l’imaginaire collectif comme une vocation noble, tournée vers l’autre. Dans un monde confronté aux crises climatiques, migratoires et sanitaires, les besoins sont immenses et les jeunes générations veulent s’engager.

Les écoles de commerce, conscientes de cette quête de sens, intègrent désormais cette réalité dans leurs parcours. Des cours d’éthique, de RSE, de géopolitique, ou de management du secteur non marchand viennent élargir l’horizon des étudiants au-delà de la seule logique de profit.

 

Des compétences commerciales utiles… même dans l’humanitaire

Travailler dans l’humanitaire ne signifie pas renoncer aux compétences acquises en école, bien au contraire. De nombreuses fonctions dans les ONG ou les agences internationales requièrent des profils bien formés à la gestion, à la communication, à la logistique ou au pilotage de projet.

Par exemple :

  • Un responsable des partenariats négocie avec des mécènes ou des entreprises.
  • Un logisticien coordonne les flux de ressources humaines et matérielles sur le terrain.
  • Un chargé de fundraising mène des campagnes pour lever des fonds.
  • Un contrôleur de gestion assure le suivi budgétaire de projets souvent complexes.

Les écoles de commerce apportent donc une boîte à outils solide, notamment en organisation, stratégie, gestion de projet, finance ou communication. Autant de compétences précieuses pour les structures humanitaires qui doivent fonctionner avec rigueur et efficacité.

 

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Humanitaire : un secteur aux codes bien spécifiques

Malgré cela, intégrer une ONG ou une agence de l’ONU ne se fait pas aussi simplement qu’envoyer son CV. Le secteur humanitaire a ses propres codes, très éloignés de ceux du monde de l’entreprise.

D’abord, la motivation ne suffit pas. Les recruteurs attendent des compétences opérationnelles spécifiques, comme la connaissance des droits humanitaires, de la logistique de crise, ou des contextes géopolitiques complexes.

Ensuite, la première expérience est cruciale. Elle est souvent bénévole, sous forme de volontariat ou de stage. Beaucoup de jeunes diplômés passent par le VSI (Volontariat de Solidarité Internationale) ou le VIA (Volontariat International en Administration) dans des ambassades ou des agences de coopération.

Enfin, les conditions de travail sont souvent difficiles : terrains en zone de conflit, salaires modestes, instabilité géographique. Il faut donc être prêt à vivre des expériences intenses, loin du confort de la vie étudiante.

 

Des formations pour passer le cap

Pour faire le lien entre business school et terrain humanitaire, il peut être judicieux d’envisager une formation complémentaire. Plusieurs options existent :

  • Le DU (diplôme universitaire) en action humanitaire ou en géopolitique (Sciences Po, Paris I, IRIS…).
  • Les masters spécialisés en coopération internationale, développement durable ou gestion de crise.
  • Les formations proposées par des organismes comme Bioforce, qui forment des logisticiens ou coordinateurs de terrain.

Ces cursus permettent d’acquérir les codes du secteur, d’enrichir son réseau, et surtout, de crédibiliser son projet professionnel auprès des ONG.

 

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L’humanitaire, un secteur en mutation

Le secteur humanitaire connaît aujourd’hui une professionnalisation croissante. Les ONG cherchent à structurer leur gouvernance, à renforcer leur impact, à mieux gérer les dons. Elles ont besoin de profils capables de penser stratégie, innovation, efficacité.

Le numérique, la data, la communication de crise, le pilotage de projet complexe sont autant de domaines où les jeunes diplômés en école de commerce peuvent faire la différence.

Les passerelles avec les entreprises se multiplient aussi, à travers la RSE, les fondations d’entreprise, ou les programmes de mécénat de compétences. Ce brouillage des frontières permet de s’engager dans des causes humanitaires sans forcément quitter le monde de l’entreprise.

 

Rêve ou réalité ? Une question d’engagement

Travailler dans l’humanitaire après une école de commerce n’est ni un rêve inaccessible, ni une voie évidente. C’est un chemin exigeant, qui suppose de sortir des sentiers battus, d’accepter une certaine précarité et de se former à de nouveaux enjeux.

Mais pour ceux qui sont sincèrement motivés, qui sont prêts à apprendre, à s’adapter et à s’investir pleinement, c’est une réalité tout à fait possible. Les écoles de commerce ne forment plus uniquement des consultants : elles forment aussi des citoyens engagés, capables d’allier compétences business et impact social.