Les industriels face à la taxe « soda »

Les industriels face à la taxe « soda »

Le 10 février 2025, l’Assemblée nationale a validé l’augmentation de la taxe « soda » dans le budget de la Sécurité sociale. Cette mesure vise à renflouer les caisses de l’État et à réduire la consommation de sucre mais suscite des réactions vives parmi les industriels…

 

Une taxe progressive et renforcée

La taxe « soda », introduite en 2012, n’a pas été jugée suffisamment efficace par les législateurs, qui ont décidé de la renforcer dès 2018 en la rendant progressive. Son principe est assez simple : plus une boisson est sucrée, plus elle est taxée. Elle sera désormais appliquée en trois tranches : 4 centimes par litre pour les boissons les moins sucrées, 21 centimes pour les catégories intermédiaires, et 35 centimes pour les plus sucrées. Ainsi, pour un soda d’un litre contenant 100 grammes de sucre, la taxe doublera passant de 15,7 centimes à 35 centimes. Néanmoins, cette taxe communément nommée « soda » ne s’applique pas uniquement aux sodas. La taxe « soda » cible les boissons non alcoolisées contenant des sucres ajoutés ou des édulcorants de synthèse : sodas, nectars de fruits avec sucre ajouté, thés glacés sucrés, energy drinks… Les jus de fruits, les jus de légumes, les eaux ou encore les boissons lactées sans sucres ajoutés ne sont pas concernés par cette taxe. En 2023, la taxe « soda » a rapporté 443 millions d’euros à l’État. En 2025, elle devrait générer 300 millions d’euros supplémentaires selon le ministère de l’Économie et des Finances.

 

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Sucre et Santé publique

On le sait, une consommation excessive de sucre est néfaste pour la santé. C’est pourquoi les médecins nutritionnistes estiment que cette taxe est une avancée significative pour la santé publique. Une consommation réduite de boissons trop sucrées diminuerait notamment les risques de diabète et de maladies cardiovasculaires. C’est pourquoi l’OMS appelle régulièrement les gouvernements du monde entier à augmenter les taxes sur le sucre dans sa globalité : confiseries, sodas… Aux Etats-Unis, la taxation des boissons sucrées et édulcorées a permis de baisser les ventes de 38% à Philadelphie en 2017. Cependant, les industriels du secteur soulignent que les boissons sans alcool ne représentent que 4 % du sucre consommé par les adultes.

 

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Impact sur les boissons sans alcool

Les fabricants le martèlent, en France, le secteur des boissons sans alcool emploie 11 000 salariés dans 40 usines et génère près de 800 000 emplois indirects. Face à une nouvelle taxe, les industriels menacent de répercuter cette hausse sur les prix, ce qui pourrait entraîner une augmentation de 10 % du prix d’une bouteille de Coca-Cola standard. Une mauvaise nouvelle qui tombe en pleines négociations commerciales avec les géants de la Grande Distribution qui eux, demandent une déflation. La Fédération nationale des boissons estime que cette décision pourrait accélérer la fermeture de bistrots, très dépendants de la vente de sodas. Chaque jour, ce sont deux bistrots qui ferment en France. Les boissons rafraîchissantes sans alcool représentent plus de la moitié de leur chiffre d’affaires.

 

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Conséquences pour l’industrie

En plus des industriels directement concernés, plusieurs organisations professionnelles de l’industrie sucrière, de l’agroalimentaire et de l’hôtellerie-restauration seront touchées. La France est le 9e producteur mondial de sucre, et le premier européen. La production de sucre de betterave et d’éthanol génère du travail pour 23 000 planteurs et plus de 6 000 emplois directs au sein des sucreries. Pour les entreprises, cette instabilité fiscale risque de compromettre l’avenir. Coca-Cola et son embouteilleur européen ont investi près d’un milliard en France en cinq ans, tandis que Suntory a modernisé ses sites français avec plus de 230 millions d’euros en dix ans. Les industriels, ayant tenu leurs engagements malgré le Covid et la guerre en Ukraine, menacent désormais d’investir ailleurs, notamment en Indonésie ou en Allemagne. Le doublement de la taxe sur les boissons sucrées imposerait 400 millions d’euros de prélèvements supplémentaires, selon plusieurs organisations professionnelles. Ils appellent le gouvernement Bayrou à renoncer à cette surtaxe jugée injuste et disproportionnée. Collectivement, ils affirment en revanche : « L’enjeu de l’éducation à l’alimentation reste, lui, majeur ».

 

             En définitive, la taxe soda, bien que bénéfique pour la santé publique, pose des défis économiques majeurs. Les industriels et les acteurs de la chaîne de production et de distribution des boissons demandent une réévaluation de cette mesure. Ils espèrent que les législateurs tiendront compte de leurs préoccupations pour éviter de fragiliser davantage un secteur déjà sous pression.

Etudiant en M1 à TBS Education & Rédacteur Mister Prépa et PGE