Payer ses salariés pour démissionner : utopie ou réalité ?

Payer ses salariés pour démissionner : utopie ou réalité ?

L’idée de payer des salariés pour qu’ils démissionnent semble, à première vue, contre-intuitive. Pourtant, certaines entreprises, principalement dans le secteur de la tech, ont mis en place ce type de programme. Cette pratique suscite un débat important quant à son efficacité et sa compatibilité avec la culture du travail, notamment en France. Planètes Grandes Écoles t’éclaire sur cette problématique en examinant les avantages et inconvénients de cette démarche !

 

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Origine et concept de la prime à la démission

La prime à la démission, parfois appelée « The Offer » dans le monde anglo-saxon, a été popularisée par des entreprises tech comme Amazon depuis 2015. L’objectif est de permettre aux salariés de démissionner volontairement en échange d’une compensation financière minimale de 1000€ et pouvant aller jusqu’à 8000€ ! Cette démarche vise à filtrer les employés moins motivés ou insatisfaits, en leur offrant une sortie honorable et rapide.

 

Avantages pour l’entreprise et les salariés

Les avantages pour l’entreprise sont doubles. Premièrement, cette dernière a la possibilité de se séparer rapidement des employés peu engagés sans passer par des procédures de licenciement longues et coûteuses. Cela peut également créer un environnement de travail plus positif en conservant des employés réellement motivés. Pour les salariés, cette prime peut représenter une opportunité financière intéressante, surtout s’ils ont déjà des projets professionnels alternatifs.

 

Les inconvénients culturels et légaux de la prime à la démission

En France, la prime à la démission est perçue de manière mitigée. La culture du travail française valorise la stabilité et l’investissement à long terme dans les employés. Offrir de l’argent pour démissionner peut être interprété comme un manque de reconnaissance ou une volonté de se débarrasser des employés à moindre coût. Juridiquement, bien que la Cour de cassation ait validé en 2017 le principe, des préoccupations subsistent quant au consentement libre et éclairé des salariés, qui peut être altéré et faire l’objet de pression, frôlant alors le harcèlement moral.

 

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Conséquences potentielles et perception des employés

Il existe un risque que les employés les plus talentueux utilisent cette opportunité comme un tremplin pour de meilleures offres ailleurs, ce qui pourrait mener à une fuite des compétences. C’est le fameux effet d’aubaine. Pour contourner certaines contraintes juridiques, Amazon exige que les employés éligibles à la prime à la démission présentent un projet professionnel futur. Ainsi, un salarié peut chercher une nouvelle opportunité et, une fois trouvée, se désengager de son emploi actuel pour partir avec la prime à la démission.

Enfin, cette approche peut être mal perçue par les syndicats et les autres employés, qui pourraient y voir une forme de désengagement de l’employeur. Par ailleurs, des questions se posent sur l’équité de cette pratique et son impact sur la morale des équipes restantes.

 

Finalement, la prime à la démission, si elle peut offrir des avantages en termes de gestion rapide des départs et de maintien de la motivation au sein des équipes, comporte aussi des risques culturels, juridiques et opérationnels importants qu’il est essentiel d’avoir en tête.

 

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