Enquête : L’évolution des frais de scolarité des Grandes Écoles de management françaises
Les Grandes Écoles de management présentent de nombreuses opportunités professionnelles à leurs étudiants et offrent des carrières prometteuses. Cependant, ces dernières représentent un coût important, et ce, surtout ces dernières années. En effet, les frais de scolarité des Grandes Écoles de management ont augmenté de manière exponentielle. À travers une enquête que nous avons menée, nous allons analyser cette croissance et vous expliquer les raisons de cette évolution.
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L’évolution des frais de scolarité des Grandes Écoles de management sur 10 ans
Nous avons constaté une hausse généralisée des frais de scolarité des Grandes Écoles de management durant ces 10 dernières années, et même 12 dernières années (de 2011 à 2023). En effet, toutes les écoles, sans exception, ont augmenté leurs prix mais des tendances se dégagent pour certaines.
De manière générale, en 2011 les Grandes Écoles de management du Top 15 affichaient des frais de scolarité entre 30 000 et 40 000 euros. 17 écoles proposaient leur Programme Grande École entre 20 000 et 30 000 euros et IMT-BS et EM Strasbourg proposaient des frais de scolarité inférieurs à 20 000 euros pour les trois années.
Maintenant, quand nous regardons les prix des mêmes écoles en 2024, nous pouvons remarquer une hausse importante de ces derniers. En effet, nous voyons sur le tableau ci-dessous que les Grandes Écoles du Top 3 ont dépassé le seuil des 60 000 euros pour les étudiants suivant l’intégralité du Programme Grande École. De plus, 11 écoles ont des frais de scolarité compris entre 40 000 et 50 000 euros, 5 entre 30 000 et 40 000 euros et seulement 2 proposent des frais inférieurs à 30 000 euros.
Ensuite, concernant les écoles proposant les frais de scolarité des plus élevés durant la dernière décennie, nous avons recensé :
- L’ESSEC de 2011 à 2013
- L’EDHEC de 2014 à 2016
- HEC Paris depuis 2017
Cependant, deux Grandes Écoles de management se distinguent quant à leurs frais de scolarité particulièrement bas par rapport à leurs concurrents. Il s’agit d’IMT-BS, ayant connu la croissance de ses frais de scolarité la plus importante ces dernières années mais étant pourtant la Grande École de management la moins chère de France grâce à son caractère public et sa gratuité pour les étudiants boursiers.
La deuxième dans ce cas n’est autre que l’EM Strasbourg, ayant affiché la croissance la plus basse de ses frais de scolarité durant la dernière décennie. Cela est notamment dû au fait qu’elle soit semi-publique.
Zoom sur l’évolution des frais de scolarité du Top 10
Concernant la croissance des frais de scolarité des Grandes Écoles de management du Top 10, les évolutions ne sont pas toutes de la même ampleur. Du côté des Parisiennes, la tendance entre 2011-2024 n’est pas la même :
- HEC Paris a augmenté ses frais de scolarité de 28 800 euros
- ESCP a fait monter ses frais de scolarité de 30 140 euros
- ESSEC a augmenté le coût de sa scolarité de 21 780 euros
Ainsi, de manière générale les frais de scolarité ont augmenté en moyenne de 1618,75 euros chaque année en moyenne. Nous pouvons penser que ce sont principalement les Parisiennes et les écoles du Top 10 telles que HEC Paris qui sont responsables de cette augmentation importante, cependant, en 13 ans les frais de scolarité de HEC Paris ont augmenté de 80,67% alors que la moyenne nationale est de 83,68%, ce qui ne représente pas une si grande différence.
En revanche, IMT-BS, a connu une croissance de ses frais de scolarité de 224% en 10 ans. Mais cela reste un cas particulier puisqu’en 2011 les frais étaient très faibles, donc même si ces derniers ont largement augmenté, le Programme Grande École de cet établissement reste abordable comparés à ses concurrents.
Une corrélation est là entre le classement des Grandes Écoles de management et leurs frais de scolarité
Pour les écoles du Top 10, on constate une corrélation assez intéressante entre le niveau de la Grande École au classement SIGEM et les frais de scolarité qu’elle propose.
En effet, on constate que l’ESCP est devant l’ESSEC au niveau des frais de scolarité mais derrière dans le classement SIGEM. Sinon, le classement SIGEM pour le Top 10 est le même que celui des frais de scolarité.
Pourquoi les Grandes Écoles présentent des frais de scolarité aussi élevés ?
Nous avons interrogé les Grandes Écoles de management à propos des causes entrainant l’évolution de leurs frais de scolarité. Ainsi, nous avons pu relever quatre points marquants pouvant expliquer en partie cette croissance :
Les financements publics qui sont de plus en plus rares pour les Grandes Écoles de management
En effet, les Grandes Écoles de management sont rattachées aux CCI (Chambre de Commerce et de l’Industrie) et ces dernières années nous avons pu constater un désengagement important de la part de ces dernières. Cela signifie donc que les Grandes Écoles de management perçoivent moins d’aides étatique qu’auparavant, entraînant une hausse des frais à la charge des étudiants. Certaines écoles enregistrent des dizaines de millions de perte et doivent donc revoir leurs modèles économiques.
La volonté des Grandes Écoles de rester compétitives à l’échelle internationale
Les Grande École de management françaises sont à la course de la triple accréditation (EQUIS, AMBA, AACSB). La plupart d’entre elles l’ont d’ailleurs déjà obtenu, ce qui est important pour leur notoriété en France et à l’étranger.
Elles cherchent également à être bien classées dans les principaux classements tels que le Financial times, le classement QS ou encore The Economist… En effet, plus les Grandes Écoles sont bien classées, plus elles bénéficient de subventions et attirent des talents (étudiants internationaux ou professeurs renommés).
Nous pouvons penser qu’il n’y a pas le même prestige à faire une top école française qu’une top faculté américaine et qu’il est donc difficile pour les Grandes Écoles de management françaises d’être compétitives à l’international. Cependant, il faut noter qu’il est important de réfléchir en termes de retour sur investissement. C’est-à-dire qu’il faut se poser la question suivante : « Combien l’école me coûte et combien va-t-elle me rapporter à court et long terme ? ».
En ce sens, nous pouvons mettre en avant le fait que les Grandes Écoles de management françaises sont relativement peu chères par rapport à certaines écoles à l’international. Par exemple, une seule année à UC Berkeley, une université publique de Californie, coûte plus de 50 000 euros, soit l’équivalent de quatre années de frais de scolarité pour la 3ème Grande École française.
Les Grandes Écoles investissent massivement afin d’améliorer l’expérience étudiante
Les Grandes Écoles investissent beaucoup d’argent dans l’innovation pédagogique et l’amélioration du cadre de l’enseignement en faisant appel à des professeurs de meilleurs niveaux, en proposant des programmes plus internationaux aux étudiants, en créant des doubles-diplômes hybrides à l’échelle nationale ou internationale, ou encore en innovant dans les campus.
Parmi ces éléments, l’innovation dans les campus est le plus coûteux, ou du moins, celui que les Grandes Écoles privilégient. Par exemple, NEOMA a énormément investi dans son campus virtuel qui sera ouvert dans les années à venir.
Concernant GEM, la Grande École de management a ouvert un nouveau campus parisien et un campus numérique également.
Quant à Audencia, elle a réalisé un double investissement en inaugurant son nouveau campus parisien et en ouvrant la nouvelle école de la transition écologique et sociale : Gaïa.
Bien d’autres Grandes Écoles de management ont engagé des moyens importants dans leurs campus et les infrastructures proposées aux étudiants, telles qu’emlyon, l’ESCP ou encore MBS.
L’inflation et l’évolution des salaires à la sortie des Grandes Écoles de management
L’inflation est réelle mais l’évolution des salaires à la sortie de l’école n’est pas en adéquation avec l’évolution des frais de scolarité. En effet, en 10 ans, l’évolution du salaire à la sortie d’une grande école de management a augmenté de 6 593 euros bruts, alors que les frais de scolarité ont augmenté de 15 283 euros nets, soit trois fois plus que l’évolution des salaires. Ainsi, nous émettons une réserve concernant ce dernier argument.
Les dispositifs des Grandes Écoles de management pour faire face à la croissance des frais de scolarité
Les frais de scolarité en Grande École de management peuvent être un frein pour certains étudiants qui ne possèdent pas les ressources financières ou les garanties pour avoir accès à un prêt. Afin de leur venir en aide et leur permettre d’étudier en Grande École, de nombreuses solutions s’offrent à eux :
- L’alternance, étant le nouvel eldorado des Grandes Écoles de management. En effet, elle offre une réelle professionnalisation et permet d’entrer sur le marché de l’emploi avec plus de niveaux et d’expérience que des personnes en cursus initial. De plus, les étudiants en alternance perçoivent un salaire tous les mois leur permettant de subvenir à leurs besoins. Enfin, elle leur permet de ne pas payer leurs frais de scolarité, étant donné qu’ils sont pris en charge par l’entreprise pour laquelle l’alternant travaille. Les économies en suivant un cursus en alternance sont donc considérables !
Cependant, l’alternance n’est pas accessible à tous car il y a parfois une sélection à l’entrée en raison du nombre de places éventuellement limité (dans le cas où les écoles ne disposent pas de leur propre CFA), ou alors puisqu’elle n’est pas forcément accessible dès la L3 (première année du Programme Grande École).
Mais les Grandes Écoles de management innovent et proposent des formats d’alternance variés qui peuvent être de 24 mois (Master 1 + Master 2), 18 mois (6 mois en Master 1 + Master 2 pour ceux qui veulent coupler l’alternance avec une expérience internationale) ou encore 12 mois (Master 2). - Des frais de scolarité fondés sur le revenu des parents tel que le font déjà TBS Éducation ou l’ESSCA.
- Les bourses au mérite ou d’excellence que les étudiants peuvent percevoir.
- Les réductions fondées sur le critère CROUS.
- Les Grandes Écoles se portent garantes pour les étudiants souhaitant faire un prêt pour leurs études.
- Des prêts à taux 0 afin de permettre aux étudiants de ne pas s’endetter avec des intérêts.
De plus, quand on est étudiant en Grande École de management, on peut percevoir de nombreuses aides telles que les bourses CROUS, les aides au logement de la CAF (APL) ou encore les bourses régionales ou départementales.
Il est important de noter que chaque école possède sa propre politique en matière de financement des frais de scolarité et il existe de nombreux dispositifs pour réduire les coûts, sur lesquels nous vous conseillons de vous renseigner.
Est-ce rentable de faire une Grande École de Management ?
Étudier en Grande École de management est rentable à plus ou moins long terme. En effet, le retour sur investissement est plutôt intéressant. Même si les salaires à la sortie sont inférieurs à l’investissement initial, l’évolution du salaire est relativement supérieure par la suite. C’est d’ailleurs après avoir été en Grande École que l’évolution du salaire est la plus importante, en valeur.
De plus, intégrer une Grande École c’est faire partie d’un réseau et d’une communauté très forte et soudée qui peut nous ouvrir de nombreuses opportunités dans le futur.
Nous avons ainsi réalisé une enquête sur Planète Grandes Écoles montrant les bénéfices qu’apportent les Grandes Écoles sur l’insertion des étudiants dans le monde professionnelle. Ainsi, les recruteurs interrogés ont affirmé que faire une Grande École de management c’est s’assurer l’insertion professionnelle, l’employabilité ou encore avoir la possibilité d’intégrer de prestigieuses entreprises, puisque certaines recrutent en raison de l’école. C’est ce qu’on appelle le screening. Ainsi, les Grandes Écoles de management les mieux classées sont très demandées des recruteurs internationaux et nationaux.
Ainsi, il faut relativiser la croissance des frais de scolarité car ces dernières années l’alternance ainsi que les dispositifs et aides financières pour subvenir aux besoins des étudiants n’ont jamais été aussi développée.
À combien s’élèveront les frais de scolarité des Grandes Écoles de management en 2030 ?
Selon des estimations faites suite à une enquête menée par Planète Grandes Écoles et Mister Prépa, les frais de scolarité des Grandes Écoles de management n’ont pas fini d’augmenter d’ici 2030, comme nous pouvons le constater sur le visuel ci-dessous.
Ainsi, on peut voir que HEC Paris dépasserait la barre des 80 000 euros, les Grandes Écoles du Top 5 auraient des frais de scolarité supérieurs à 70 000 euros et la majorité des écoles du Top 10 auraient des frais de scolarité supérieurs à 60 000 euros (excepté KEDGE BS).
Certaines écoles arriveraient tout de même à stabiliser des frais de scolarité inférieurs à 40 000 euros comme IMT-BS, ayant déjà les frais de scolarité les plus faibles de France.
Il est tout de même important de noter que ce sont des estimations et que les chiffres affichés ne sont pas certains à 100%. En effet, en 2030, la situation économique, les opportunités, les salaires à la sortie, l’inflation seront peut-être être bien différents de ce que nous connaissons actuellement. De nombreux facteurs sont donc à prendre en compte mais une croissance des frais de scolarité sera forcément enregistrée, et ce, surtout pour certains établissements.
Pour conclure, l’augmentation des frais de scolarité des Grandes Écoles de management est très importante, et ce, surtout sur ces dernières années. Mais ces dernières n’ont également jamais été autant investies pour aider leurs étudiants avec de nombreux dispositifs et aides financières qui viennent contrebalancer cette croissance exponentielle. Cependant, il est tout de même primordial que les Grandes Écoles trouvent des solutions afin de ralentir la croissance de leurs frais de scolarité afin de continuer d’assurer la diversité au sein de leurs promotions.
Découvrez la vidéo complète de notre enquête sur les frais de scolarité !
