La finance islamique : Une finance porteuse d’espoir pour l’humanité

La finance islamique : Une finance porteuse d’espoir pour l’humanité

Dans les couloirs feutrés des Grandes Écoles de finance et d’économie, une idée fait doucement son chemin : Et si la finance pouvait être autre chose qu’un enchaînement de deals, de chiffres et de nuits blanches sur Excel ?

Sakina Anzar Basha, juriste spécialisée en droit des affaires et finance islamique, est passée par ce questionnement : “Je me suis demandée s’il pouvait y avoir un sens, un réel impact, une éthique qui dépasse le simple rendement.”

Depuis son plus jeune âge, elle savait qu’elle voulait faire du droit. “C’était une vocation depuis toute petite, pas un choix par défaut”, explique-t-elle. 

C’est lors de son master que tout bascule. Un cours d’introduction à la finance islamique, dispensé par un professeur passionné, capte son attention. Curieuse, elle décide de faire de ce sujet son thème de mémoire, en explorant la banque islamique comme alternative à celles qu’on connaît, dites banques conventionnelles. “J’ai découvert un domaine qui me parlait profondément, un secteur qui combine rigueur juridique, impact social et vision éthique”, raconte-t-elle. 

Un professeur l’encourage à en publier un extrait sur les plateformes académiques, et très vite, son travail attire l’attention d’un cercle plus large.

 

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Une finance éthique et innovante qui séduit bien au-delà des pays musulmans

Contrairement aux idées reçues, la finance islamique ne se limite pas à un marché communautaire. Elle repose sur des principes qui résonnent avec les attentes des nouvelles générations de financiers, à l’image de l’interdiction de spéculer, adossement des financements sur des actifs réels et exclusion des secteurs nuisibles à la société comme l’armement ou le tabac. Ces principes en font une alternative crédible à la finance traditionnelle, tout en répondant à une quête croissante de sens chez les jeunes professionnels.

Pour Sakina, la finance islamique n’est pas une rupture avec la finance conventionnelle, mais plutôt une amélioration. “On parle ici d’une finance plus humaine, plus proche des réalités économiques et sociales”. Loin des clichés, cette approche répond notamment aux exigences contemporaines en matière de responsabilité sociale et d’investissement durable.

 

La finance islamique : Un secteur en pleine expansion et des opportunités de carrière insoupçonnées

Le marché de la finance islamique représente aujourd’hui plus de 5 Trilliards de dollars selon l’Islamic Finance Development Indicator report publié en 2024, ces actifs sont répartis dans 80 pays, ils représentent 1,5 fois le PIB de la France et 1% des actifs de la finance mondiale. Mais contrairement à ce que l’on pourrait croire, ils ne se limitent pas aux pays du Golfe. En Europe, en Afrique et en Asie, cette finance attire de plus en plus d’acteurs et crée des opportunités professionnelles variées. 

Les cabinets de conseil et d’audit s’intéressent à cette évolution et recherchent activement des profils capables de comprendre et d’intégrer ces nouveaux modèles.

Sakina souligne l’importance de l’hybridation des compétences. Aujourd’hui, les employeurs recherchent des profils capables de naviguer entre la finance conventionnelle et la finance islamique. “Pour l’instant, je ne vois pas énormément d’offres pour des juristes spécialisés en finance islamique, mais c’est un besoin qui va exploser. Les entreprises qui veulent se structurer juridiquement pour intégrer ces principes auront besoin d’experts capables de concilier droit français et finance islamique.”

 

Un MBA pour se spécialiser et se démarquer sur le marché du travail

Après son master, Sakina entend parler du MBA en finance islamique à Paris presque par hasard, via une collègue dont le frère connaissait l’un des fondateurs du programme. “C’était le destin”, ajoute-t-elle. Dernière inscrite de sa promotion, elle plonge dans un univers académique et professionnel totalement nouveau.

Ce qui frappe les étudiants, c’est l’approche pédagogique axée sur la pratique et l’ouverture internationale. Pour Sakina, cette expérience a été une révélation.

 

La finance islamique : Un secteur en devenir qui repose sur la nouvelle génération

Sakina a foi en l’avenir de la finance islamique, notamment grâce à la jeunesse. “La nouvelle génération est de plus en plus consciente de l’importance de l’éthique en finance. On voit émerger des solutions alternatives qui viennent répondre à un véritable besoin.” Malgré une certaine appréhension du point de vue médiatique et institutionnel en France, elle reste optimiste. “On doit dépasser les barrières et pousser l’innovation. Nos mentors ont réussi à faire de grandes choses, alors pourquoi pas nous ?”

L’éducation est un levier essentiel pour développer le secteur. Sakina insiste sur l’importance du travail de sensibilisation : Il faut éduquer à la finance, et ensuite à la finance islamique. Plus on multipliera les initiatives, comme des podcasts, des articles, des événements, plus on créera de la demande. Et une demande forte entraînera naturellement un marché structuré.”

 

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Une finance pour les visionnaires et les bâtisseurs de demain

Aujourd’hui, Sakina travaille dans une startup en tant que juriste généraliste. Un choix stratégique : elle voulait un environnement où elle pourrait toucher à tout, du droit des sociétés au M&A en passant par le droit immobilier. Mais surtout, elle prépare l’avenir.

Son objectif ? Ouvrir son propre cabinet d’avocats et intégrer la finance islamique dans son offre de services. “Je veux accompagner les entrepreneurs et les PME qui cherchent à aligner leur activité avec des principes éthiques et responsables.

Elle ambitionne également d’écrire davantage sur le sujet, notamment sur l’application du droit islamique dans le cadre législatif français, avec des sujets comme la transmission du patrimoine. “Il y a un vrai besoin de structuration et d’éducation sur ces questions, et je veux y contribuer.”

Alors que les crises économiques et financières se succèdent, que les inégalités se creusent et que l’économie réelle peine à retrouver un équilibre, revenir à des bases plus saines comme le propose la finance islamique pourrait y contribuer fortement.

La finance éthique ne demande pas des héros, mais des esprits lucides prêts à s’engager sur un parcours moins balisé, parfois plus sinueux, mais infiniment plus porteur de sens

La question n’est plus de savoir si elle a un avenir, mais de savoir qui participera à son essor et de relever ses défis. Et si c’était vous ?