
- ÉCOLES DE COMMERCE UNIVERSITÉS
- Auriane Ducherpozat
- 14 juin 2025
Étudier en école vs à l’université : deux mondes qui se rapprochent ?
Pendant longtemps, les écoles et les universités ont été perçues comme deux planètes bien distinctes. D’un côté, les écoles – de commerce, d’ingénieurs ou de communication – souvent privées, sélectives, professionnalisantes. De l’autre, l’université – publique, théorique, plus ouverte mais aussi plus critiquée pour ses taux d’échec. Pourtant, à l’heure où les parcours se personnalisent et où les étudiants aspirent à davantage de flexibilité, ces deux modèles d’enseignement supérieur semblent évoluer l’un vers l’autre. Et si école et université, longtemps opposées, étaient en train de converger ?
Deux modèles historiquement différents
L’origine de la séparation entre écoles et universités remonte à la structuration du paysage de l’enseignement supérieur français. Les universités ont toujours eu pour vocation la diffusion du savoir et de la recherche. Elles accueillent le plus grand nombre d’étudiants, dans des filières allant du droit à la médecine en passant par les lettres et les sciences.
Les écoles, quant à elles, ont été créées pour répondre à des besoins spécifiques : former des cadres, des ingénieurs ou des managers opérationnels. Leur pédagogie s’est construite autour de l’employabilité, des stages, du réseau, et d’une relation étroite avec le monde de l’entreprise.
Ainsi, on opposait souvent une université très académique, centrée sur la théorie, à des écoles très professionnalisantes, centrées sur la pratique. Mais cette opposition devient de moins en moins pertinente.
L’université se professionnalise
Depuis plusieurs années, l’université a engagé une profonde mutation. Face aux critiques sur son manque de débouchés, elle a développé de nombreux dispositifs pour mieux accompagner les étudiants vers l’emploi.
Les licences professionnelles, les masters spécialisés, les alternances, ou encore les services d’insertion professionnelle se sont largement développés. Certaines universités entretiennent désormais des liens étroits avec les entreprises, organisent des forums, intègrent des stages dans les cursus. On peut même désormais retrouver des formations à la prise de parole, au travail en équipe, ou à la gestion de projet.
La pédagogie évolue également, avec une montée en puissance du learning by doing, de la pédagogie inversée, ou encore des projets collectifs. Dans certaines universités comme Dauphine, Assas, ou Paris-Saclay, il devient parfois difficile de distinguer les pratiques pédagogiques de celles d’une grande école.
Les écoles s’ouvrent à la recherche et à l’international
De leur côté, les écoles ne sont plus de simples machines à produire des cadres. Pour gagner en crédibilité académique, elles ont investi massivement dans la recherche. De nombreuses écoles ont créé des laboratoires, embauché des enseignants-chercheurs, et développé des publications scientifiques. Cette montée en gamme est en partie liée aux classements internationaux, qui valorisent la recherche.
Par ailleurs, les écoles ont profondément renforcé leur ouverture internationale, avec des doubles diplômes, des échanges universitaires, ou encore des campus à l’étranger. Cette dimension académique et mondiale rapproche les écoles des universités, notamment des grandes universités anglo-saxonnes.
Enfin, l’ouverture sociale devient un enjeu central : bourses, programmes d’égalité des chances, passerelles pour les BTS et DUT… Les écoles ne veulent plus être des tours d’ivoire, et cela les rapproche d’une mission historiquement portée par l’université.
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Des parcours de plus en plus hybrides
Autre signal fort de rapprochement : les parcours des étudiants eux-mêmes. De plus en plus de jeunes naviguent entre les deux univers. Il n’est plus rare de faire une licence à l’université, puis d’intégrer une école via les admissions parallèles. À l’inverse, certains élèves d’écoles choisissent de faire un master à l’université, voire de s’engager dans une thèse.
Les double cursus se multiplient également : droit et école de commerce, ingénierie et philosophie, université et design… Ces combinaisons permettent aux étudiants de personnaliser leur formation, d’acquérir une double compétence, et de s’ouvrir à différents univers professionnels.
Le numérique et les plateformes de formation (comme OpenClassrooms, edX ou France Université Numérique) brouillent encore davantage les frontières entre institutions, rendant le savoir plus accessible et plus transversal.
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Ecole vs université : une convergence encore incomplète
Malgré ces rapprochements, des différences importantes subsistent. Le financement reste un point de rupture : les écoles, souvent privées ou semi-publiques, sont bien dotées et capables d’investir dans des infrastructures modernes, des professeurs internationaux, ou des outils pédagogiques de pointe. Les universités, en revanche, doivent composer avec des moyens souvent plus limités.
Le modèle de gouvernance est également différent. Les écoles sont agiles, gouvernées comme des entreprises, avec des directions stratégiques rapides. L’université reste soumise à une logique administrative plus lourde et à des débats internes complexes.
Enfin, la sélection à l’entrée reste plus forte dans les écoles, qui filtrent dès l’admission, tandis que l’université conserve une logique d’accès plus large, en phase avec sa mission de service public.
Vers un écosystème unifié ?
Il serait illusoire de croire que les écoles et les universités vont fusionner à court terme. Mais ce que l’on observe, c’est une forme de convergence par le haut. Les universités deviennent plus professionnalisantes, les écoles plus académiques. Cette dynamique est positive : elle bénéficie aux étudiants, qui profitent de formations plus riches, plus souples, et mieux connectées aux réalités du monde.
À terme, c’est peut-être un écosystème plus fluide qui se dessine, où les frontières entre écoles et universités s’estompent au profit de formations de qualité, accessibles, hybrides et tournées vers l’avenir. Pour les étudiants, c’est une excellente nouvelle.