« 150 ans de jeunesse » : entretien avec les dirigeants de l’Université Catholique de Lille

« 150 ans de jeunesse » : entretien avec les dirigeants de l’Université Catholique de Lille

À l’occasion des 150 ans de l’Université Catholique de Lille, nous avons rencontré Patrick Scauflaire, Président-Recteur, et Yannick Urbanski, Directrice de la communication, pour revenir sur leur parcours, les valeurs qui animent l’institution, ses ambitions, et les festivités de cet anniversaire exceptionnel.

 

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Pouvez-vous vous présenter ?

Yannick Urbanski : Je suis arrivée à l’Université Catholique de Lille il y a une quinzaine d’années, au sein de la Faculté de Gestion, Economie et Sciences, au service communication. Mes responsabilités se sont progressivement élargies, jusqu’à me conduire à la Direction communication et marketing de l’Université. C’est une mission que je mène avec passion, car elle donne du sens à notre action collective et permet de valoriser ce que nous sommes, dans toute notre diversité et notre richesse.


Patrick Scauflaire : Ingénieur de formation, j’évolue depuis une vingtaine d’années dans le monde associatif. J’ai notamment été pendant dix ans directeur général adjoint de la fondation des Apprentis d’Auteuil, qui accompagne les jeunes et les familles en difficulté. J’ai rejoint l’Université Catholique de Lille en 2015, d’abord comme directeur de l’Icam sur le site de Lille, avant de devenir Président-recteur de l’Université, fonction que j’exerce depuis cinq ans. Je suis aujourd’hui très heureux de diriger une université qui conjugue excellence académique, mission sociale et ancrage territorial.

Quelles sont les valeurs ou convictions personnelles qui guident votre engagement à la tête de cette université ?

Patrick Scauflaire : Ce qui m’anime profondément, c’est le dialogue, l’ouverture aux autres, et la volonté de porter des projets ayant du sens, notamment sur les sujets de transition écologique et de justice sociale. À l’Université Catholique de Lille, ces valeurs trouvent un véritable terrain d’expression. Le fait d’être une université privée à but non lucratif nous offre une liberté précieuse : celle de penser le long terme et de réagir rapidement aux besoins de notre environnement. C’est une université engagée, dans laquelle je me retrouve pleinement.


Yannick Urbanski : Mon engagement s’est construit au fil des années, au contact des étudiants et des équipes. Ce qui m’a toujours profondément touchée ici, c’est l’attention portée à la personne. L’humain est au cœur du projet : le souci de l’autre, les valeurs humanistes, la volonté de faire grandir chacun dans toutes ses dimensions. C’est cette vision qui me guide au quotidien.

Selon vous, quels sont les atouts majeurs de l’Université Catholique de Lille dans le paysage de l’enseignement supérieur français et européen ?

Patrick Scauflaire : C’est une université singulière. Elle est un grand pôle universitaire et probablement la seule à regrouper à la fois des établissements d’enseignement supérieur, de recherche, sanitaires et médico-sociaux. Ce modèle hybride nous rend uniques. Notre statut de Fédération nous confère aussi une grande réactivité, une capacité à nous projeter dans le temps, à porter des projets ambitieux sans pression financière court-termiste.


Yannick Urbanski : C’est une communauté riche de sa diversité et avec une vraie fierté d’appartenance. Nous croisons souvent, lors de nos portes ouvertes, des parents qui ont étudié ici et reviennent aujourd’hui avec leurs enfants. Ils nous racontent leurs souvenirs dans la chapelle, leurs examens passés ici. Cette dimension intergénérationnelle est très forte. C’est aussi vrai du côté des salariés : beaucoup se sentent liés à l’histoire de l’université, et cet attachement nourrit une dynamique collective rare.

Quelles sont les grandes priorités stratégiques de l’université pour les prochaines années ?

Patrick Scauflaire : Cela fait maintenant cinq ans que je porte cette responsabilité dans une logique de continuité mais aussi d’évolution. Il y a plusieurs axes forts que nous souhaitons approfondir : 

 

  • Le premier, c’est l’expérience de vie des étudiants. Nos étudiants et leurs familles nous font confiance, et c’est notamment parce qu’ils perçoivent un climat particulier à l’Université Catholique de Lille. Nous avons fait beaucoup pour réhabiliter les campus, les adapter aux usages contemporains, ouvrir les espaces très tôt le matin et très tard le soir. Nous voulons que les étudiants vivent pleinement le campus, qu’ils s’y sentent bien. Cela passe aussi par une qualité d’accompagnement, une richesse d’expériences proposées qui font partie de notre promesse.
  • Le second axe, c’est le “prendre soin”. Nous sommes acteurs du soin au sens propre, avec des hôpitaux, des EHPAD, et des dispositifs pour accueillir des jeunes porteurs de troubles autistiques, ou Asperger. Mais cette attention aux plus vulnérables va bien au-delà du soin médical : elle irrigue toutes nos structures. Nous mettons en place des accompagnements spécifiques pour les étudiants en difficulté, des dispositifs d’aide sociale, un soutien sur les questions de santé mentale, de décrochage, etc. Résultat : notre taux de réussite en licence en trois ou quatre ans est bien supérieur à la moyenne nationale.
  • Ensuite, il y a le “prendre soin” de la planète. Nous menons de nombreuses actions sur la transition écologique et environnementale : réhabilitation de bâtiments, installation de panneaux photovoltaïques, flotte électrique… mais aussi une mobilisation citoyenne. Nous avons par exemple organisé il y a deux ans une Convention universitaire pour le climat, réunissant une centaine d’étudiants et une cinquantaine de salariés. Ils ont formulé plus de 50 propositions, sur des sujets très concrets comme la restauration, les achats, le rythme de vie, etc.
  • Enfin, un enjeu monte aujourd’hui : l’ouverture à la société civile. Nous voulons que les réflexions portées par l’université ne restent pas confinées à ses murs. C’est le sens de projets comme « Ecoposs », qui visent à croiser les regards scientifiques, citoyens, artistiques, sur les défis du monde à venir.

L’Université Catholique de Lille fête ses 150 ans cette année : que représente cet anniversaire pour vous et pour la communauté universitaire ? Quels temps forts ou initiatives marquantes ont été mis en place pour célébrer cet anniversaire ?

Yannick Urbanski : 

Cet anniversaire est l’occasion de célébrer une belle histoire… mais surtout de se projeter vers l’avenir. Dès le départ, nous avons voulu donner du souffle à cette année en travaillant sur notre identité. Cela a commencé par une évolution de notre logo, de notre typographie, de notre architecture de marque : un véritable « lifting » visuel, sans renier notre histoire. Toute la communauté a été embarquée dans cette dynamique : écoles, facultés, structures sociales ou de santé.

Nous avons lancé un nouveau site internet et réalisé un film institutionnel intitulé « Nous croyons », une déclaration de foi en la jeunesse, en la science, en la transmission. Ce film met en scène l’ensemble de notre communauté universitaire.

Côté événements, un comité d’engagement a été mis en place, avec des représentants des établissements et des étudiants. Parmi les temps forts de cette année :

  • Des évènements festifs et tournés vers tous les publics : le lancement interne, « La Route 150 » : une course de chariots entre personnels et étudiants, ouvert au quartier, dans une ambiance inédite, des expositions, concerts, conférences…
  • Une grande conférence sur les 150 ans d’impact territorial de l’Université, à partir d’une étude menée avec l’Agence de Développement et d’Urbanisme de Lille Métropole.
  • L’inauguration de notre observatoire astronomique rénové
  • Des productions : le film : « Quand les anciens parlent au futur », où des alumni de plus de 90 ans partagent leurs souvenirs aux jeunes générations, le livre  « Histoires oubliées » de l’Université, produit par les étudiants, un autre compilant 150 trésors de l’Université (à venir)…
  • Et en point d’orgue, les 10, 11 et 12 octobre 2025, le festival du futur Ecoposs : plus de 100 animations pour explorer demain, à travers des formats immersifs et ludiques, des ateliers, des projections, des spectacles, un salon du livre avec plus de 80 auteurs…

 

L’idée est d’offrir une expérience riche, accessible, et tournée vers toutes les générations.

 

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L’internationalisation est aujourd’hui un enjeu majeur : comment développez-vous les partenariats et la mobilité étudiante à l’international ?

Patrick Scauflaire : Nous sommes une université profondément internationale, et même européenne par nature, puisque la Belgique est à 10 kilomètres, et l’Angleterre à quelques heures. Sur nos 42 000 étudiants, environ 8 000 sont internationaux, et autant partent chaque année à l’étranger pour un échange, un stage ou une année complète. Cela varie selon les filières : les écoles de management sont très tournées vers l’international, d’autres comme le travail social le sont un peu moins.

Nous avons 550 partenaires internationaux, développés à la fois par les établissements eux-mêmes et par la fédération. Cela nous permet d’avoir des accords sur mesure, mais aussi une force de frappe collective pour participer à des salons et forums internationaux.

En parallèle, nous travaillons sur la réduction de l’empreinte carbone liée aux mobilités. C’est un vrai enjeu : la mobilité des étudiants et des personnels représente près de 50 % de notre empreinte carbone dans l’ESR. Certaines écoles ont mis en place un “quota carbone” que les étudiants doivent gérer tout au long de leur cursus. D’autres sensibilisent par des actions pédagogiques. Nous voulons continuer à former des citoyens du monde, mais en les responsabilisant.

Un mot de la fin ?

Yannick Urbanski : Je suis très fière de travailler pour cette université. Elle bouge, elle vit, elle se remet en question. Elle permet à chacun de s’exprimer et de trouver sa place. Ces 150 ans sont une opportunité de se projeter encore plus loin.

Patrick Scauflaire : “150 ans de jeunesse” c’est notre réalité. Ces 150 ans ne sont pas un poids, ils sont un atout, une énergie. Ils nous obligent à rester fidèles à notre mission, tout en innovant, en osant, en avançant. Nous voulons que les étudiants deviennent eux aussi des acteurs du monde de demain, avec lucidité, engagement et espérance.

 

Merci à Patrick Scauflaire et Yannick Urbanski pour leur témoignage !

 

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Responsable Média chez Mister Prépa et Planète Grandes Écoles.