Retour sur la conférence Jean Marc Jancovici à Neoma

Ce jeudi 1er décembre, l’association Neorateur a accueillie, en partenariat avec l’Agence d’Urbanisme de Reims, Jean Marc Jancovici pour une conférence exceptionnelle autour de la transition environnementale. Pensée pour les étudiants de Neoma et les élus de la ville de Reims, cette conférence a réuni près de 500 personnes qui en sont ressorties plus éclairées sur les enjeux de demain. Retour sur cet évènement qui nous permet collectivement de réfléchir à nos modes de vie, de consommation et de travail à venir.

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Qui est Jean Marc Jancovici ?

Né en 1962, Jean Marc Jancovici est un ingénieur français, enseignant et conférencier spécialisé dans les enjeux environnementaux. Issu d’une famille de scientifiques, il a lui-même étudié les sciences en classe préparatoire au lycée Louis-le-Grand. Il intègre ensuite Polytechnique, et en ressort diplômé en 1981.
Il s’intéresse ensuite rapidement aux enjeux du développement durable, puis se spécialise de manière notable dans les moyens de mesure de l’impact environnemental des entreprises. En 2004, il développe la méthode du Bilan Carbone qui reste aujourd’hui l’unité de mesure mondiale des rejets de CO2 des entreprises.
Par la suite, il co-fonde le cabinet de conseil Carbone 4, puis lance le Think Thank The Shift Project en 2010. 

Depuis quelques années, cet ingénieur connaît une popularité fulgurante dans les médias, dans nos écoles et auprès des acteurs politiques. Au travers de ses conférences, Jean Marc Jancovici aborde de manière chiffré et synthétique la crise climatique et les enjeux de la transition environnementale. C’est dans ce cadre qu’il est intervenu à Neoma le 1er décembre dernier ( replay ).

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Lien entre énergies et climat 

Depuis la révolution industrielle, notre consommation d’énergies fossiles n’a eu de cesse de croître. Facteur de productivité et de croissance, l’énergie extraite des ressources fossiles (le charbon / le pétrole / le gaz en tête) a cru d’une manière exponentielle. Cette consommation s’est accompagnée d’un accroissement fort et constant de nos émissions de CO2.

Dans le même temps, la croissance économique – mesurée avec l’indicateur du PIB – a également connu une courbe de croissance constante. Les trois données sont d’ailleurs corrélées de manière intime, c’est par cette démonstration que Jean Marc Jancovici a démarré sa conférence.

Ainsi PIB = CO2 = NRJ
 

L’ingénieur « rockstar des amphis » a par la suite tenu à démontrer que les machines sont au centre de nos modes de vie. Malgré l’apparente tertiarisation des économies occidentales, et les emplois de bureau que la majorité d’entre nous allons occuper, l’énergie est partout. Ainsi, les émissions de gaz à effet de serre qui les accompagnent également.

Il apparaît alors nécessaire de (re)penser notre relation aux objets et de se questionner sur l’origine de nos approvisionnements énergétiques. A l’heure où l’Allemagne réactive avec force ses centrales à charbon, les centrales nucléaires semblent être la solution la plus neutre en CO2 et la plus efficace pour assurer nos besoins énergétiques.

Penser de manière systémique la transition environnementale

Alors qu’est principalement mis en avant l’importance de changer nos comportements individuels (chauffage à 19°C, pas de machine après 18h et cols roulés…), le co-fondateur de Carbone 4 a souligné l’importance de penser de manière systémique la transition environnementale. C’est l’idée de l’équation de Kaya

Equation de Kaya
 

Ainsi, Jean Marc Jancovici a illustré que quatre facteurs entrent dans nos émissions de CO2 :

• L’intensité du carbone dans les énergies utilisées 
• L’intensité énergétique de la production 
• Le PIB par habitant 
• La population totale

Avec une prévision de croissance démographique de 20% d’ici 2050, une intensité énergétique de la production qui diminue en moyenne de 2% par an avec les avancées scientifiques ; et une intensité carbone de l’énergie qui baisse de  2,5% tous les ans. Il apparait nécessaire, qu’au minimum, le PIB moyen par habitant à l’échelle du monde diminue de 1%. Se pose alors la question de la répartition de cette diminution : égalité ou équité ? 

Le chemin de la sobriété, de la post-décroissance ou de la décroissance (les trois termes étant similaires) semble inéluctable et indispensable. Demain, il nous faudra consommer moins et consommer mieux, cesser d’acheter des habits pour ne les porter qu’une fois et refuser certains achats qui ne nous sont foncièrement pas utiles… C’est le sens de la responsabilité citoyenne selon lui.

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Repenser les cours dans nos écoles

Le président de The Shift Projet a souligné l’écart actuel de nos cours en école avec la prise de conscience des enjeux climatiques qu’il nous revient d’avoir. Aujourd’hui, malgré des séminaires de rentrée ou des capsules sporadiques autour des enjeux environnementaux, les cours de finance, de marketing ou de stratégie de nos écoles oublient et négligent les exigences de la transition environnementale. Un récent rapport du Shift [ClimaSup Business], réalisé avec la participation d’Audencia et de l’Essec, invite à mobilier l’enseignement supérieur pour le climat. 

« Ce projet, qui réunit de nombreuses écoles et autres organisations, vise à transformer les enseignements communs, mais aussi à décliner les connaissances et compétences requises par filière métier, afin de former des managers capables de mettre en œuvre la transition écologique. »

Il apparaît donc urgent que les grandes écoles modifient en profondeur le contenu de leurs cours et que nous, étudiants et citoyens, prenions du recul sur les savoirs qui nous sont transmis et analysions avec un esprit critique nos enseignements qui souffrent, pour beaucoup, d’une absence de considération et d’adaptation au monde de demain.

👉 Vous pouvez retrouver la conférence sur ce lien