Entretien avec Lucas Monteils, entrepreneur et créateur de contenu

Entretien avec Lucas Monteils, entrepreneur et créateur de contenu

À seulement 23 ans, Lucas Monteils incarne la nouvelle génération d’entrepreneurs. Diplômé d’une école d’ingénieurs à Paris, il a choisi de suivre une voie peu conventionnelle : lancer des business en ligne tout en captivant des millions de spectateurs sur les réseaux sociaux.

Fédérant une communauté de plus de 200.000 abonnés et accumulant des dizaines de millions de vues sur Instagram, Tiktok et YouTube, Lucas est passionné par la “creator economy” et a créé une société qui accompagne d’autres créateurs de contenu comme Mister V (Yvick Letexier).

Dans cet entretien, Lucas revient sur son parcours professionnel et scolaire. Il partage également les clés pour réussir sur les réseaux sociaux et dévoile des conseils pour ceux qui souhaitent se lancer dans cet écosystème de plus en plus convoité. 

 

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Peux-tu te présenter en quelques mots et nous parler de ton parcours ?

Je m’appelle Lucas Monteils, j’ai 23 ans. Je suis entrepreneur (même si je ne suis pas fan du terme) et créateur de contenu sur les réseaux sociaux. 

En ce qui concerne mon parcours scolaire, j’ai eu la chance, au collège, d’aller étudier à l’American School of Paris. C’est comme un mini campus américain, dans les Hauts de Seine, à Saint-Cloud. L’ambiance est vraiment chaleureuse et ça m’a permis d’avoir un bon niveau d’anglais relativement jeune. Je pense que c’est une chance énorme : ça m’a ouvert le champ des possibles. 

Au lycée, j’ai fait un Bac Scientifique et j’hésitais entre prépa ou intégrer une école directement. Plusieurs prépas m’avaient accepté, mais je me suis dit que ce n’était pas fait pour moi. Je me suis donc orienté vers une école d’ingénieur à Sceaux : l’EPF

Arrivé en 1ere année c’était un peu catastrophique. Je sortais beaucoup et je n’étais pas motivé par les cours, au point d’être dernier de la classe.

En 2ème année, je trouve un objectif : essayer d’intégrer une école plus haute dans le classement. Je me reprends en main et passe de dernier de la classe à premier. Ça me permet de changer d’école et d’intégrer l’ESILV en 3ème année dont je suis aujourd’hui diplômé. 

 

Comment découvres-tu le monde de la Creator Economy et comment arrives-tu à travailler pour des gros YouTubers comme Mister V ?

Tout a commencé en 3ème année d’école d’ingénieur. À l’époque, la programmation était une des seules matières qui m’intéressaient vraiment et où j’étais bon. Comme cette troisième année était consacrée presque entièrement à la programmation, j’avais fini le programme en début d’année donc j’avais beaucoup de temps libre

À l’époque, MrBeast (le plus gros YouTuber au monde) venait tout juste de traduire ses vidéos. Il y avait une dizaine de langues disponibles, et je me suis dit que bientôt, tous les youtubeurs voudraient ce genre de service de traduction

J’ai donc lancé ma société de traduction, et ça a pris relativement vite. On proposait du doublage et du sous-titrage pour les youtubeurs américains et français. Même si les YouTubers français ne faisaient presque que du sous-titrage en anglais et étaient assez réticents sur le doublage. 

J’ai pu accompagner pas mal de youtubers américains et français, des grosses chaînes comme des petites. Pour les français, ça allait des chaînes très spécialisées comme  JDG, à des youtubeurs grand public comme Mister V (Yvick Letexier). 

 

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Qu’est-ce qui t’a motivé à te lancer sur les réseaux sociaux ?

Tout simplement, le fait que les réseaux sociaux soient une méritocratie totale. Si tu fais des vidéos que les gens aiment, tu seras récompensé, pas besoin de plus. Et évidemment que c’est un levier énorme.

C’est pendant mes études que tout a commencé. En 4ème année d’école, mon agence de traduction commençait à bien marcher. Mais ce business est vite devenu ennuyeux, c’était souvent la même chose. J’avais déjà fait quelques vidéos virales auparavant et je me suis dit que je devrais me concentrer à 100% dessus. 

 

Quel est le type de contenu que tu fais sur les réseaux sociaux ?

Sur les réseaux sociaux, la plupart des créateurs de contenu décident de se spécialiser dans un domaine précis. Par exemple, certains ne parlent que d’horlogerie, d’autres se concentrent sur l’automobile, etc. Personnellement, j’ai choisi de faire l’inverse : parler de tous les sujets qui m’intéressent et qui pourraient intéresser les gens, comme la Formule 1, l’art, l’entrepreneuriat, les anecdotes historiques, ou encore des faits culturels… »

 

Comment as-tu fait pour atteindre plus de 200k abonnés sur les plateformes ?

Je me contente simplement de proposer aux gens des vidéos susceptibles de les intéresser. Je ne fais pas de vidéos pour moi, mais pour les autres. 

Au départ, ma démarche était totalement spontanée, je ne réfléchissais pas vraiment aux sujets de mes vidéos. Aujourd’hui, même si je ne suis pas encore hyper structuré, je cherche à sélectionner des sujets qui ont le plus de chance de plaire. Pour aller plus vite, j’ai engagé des monteurs pour optimiser le temps que je passais à produire mes vidéos. Mais c’est assez compliqué de leur transmettre toutes les techniques de rétention d’audience. Du coup, ils prenaient en charge une grande partie du montage, et je m’occupais du reste.

Pour ce qui est de gagner des abonnés, c’est assez contre-intuitif, et on peut faire le parallèle avec le nombre de vues : c’est une courbe exponentielle. C’est-à-dire que si tu fais une vidéo seulement 10 % meilleure que d’habitude, tu n’auras pas juste 10 % de vues en plus, mais peut-être deux ou trois fois plus. Et pour les abonnés, c’est pareil. C’est pourquoi une de mes vidéos Instagram qui a fait plus de 9 millions de vues m’a rapporté plus de 29.000 abonnés, là où une vidéo de 900.000 vues rapporte en général entre 500 et 900 abonnés. On voit bien le caractère exponentiel.

Dans tous les cas, et comme pour tout, c’est le début qui est le plus difficile. Au début, tu gagnes moins d’abonnés par vidéo, car les gens s’abonnent moins à des petits comptes, et c’est normal.

Les réseaux sociaux et la creator economy sont vraiment des sujets passionnants, mais il faut que je m’arrête là sinon je pourrai t’en parler pendant des heures.

 

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Où en es-tu actuellement et quels sont tes projets futurs ? 

Aujourd’hui, je suis créateur de contenu à plein temps et je viens de lancer mon podcast : Lucas Monteils Podcast

Bien sûr, le business en ligne reste dans un coin de ma tête et je compte relancer quelque chose dans les deux prochaines années. Je ne sais pas encore quoi, mais ce qui est sûr, c’est que ce sera quelque chose de très scalable, contrairement à ma première boîte. Peut-être un SaaS. Et cette fois-ci, je m’associerai.

La création de contenu est certes une bonne source de revenu, mais ce que les gens ne voient pas, c’est tout ce qui découle de cette visibilité. C’est un véritable levier pour développer d’autres projets à long terme.

De façon générale, la “creator economy” n’a jamais été aussi accessible. Avec de la motivation et un peu de méthode, je suis convaincu que chacun peut y trouver sa place.

 

Pourquoi avoir lancé ton podcast : Lucas Monteils Podcast ? 

Je trouve qu’il y a des gens très intéressants qui sont peu ou pas interviewés. Beaucoup d’entre eux se sont déjà exprimés sur des formats plus classiques comme la presse écrite, ou la télévision. Mais ne sont jamais passés sur des formats moins formels comme le podcast

Les quelques invités que j’ai reçus ont tous été surpris de l’effet qu’a eu le podcast. Ils ont reçu des retours en masse, et très positifs, bien au-delà de ce que j’avais imaginé. Cela a non seulement permis à mon audience de les découvrir, mais aussi à une partie de leur propre communauté de les redécouvrir. Sans parler du contenu organique qui a généré encore un peu plus de vues.  

 

Comment la création de contenu peut-elle devenir un métier viable ?

Il y a une infinité de manières de gagner sa vie grâce aux réseaux sociaux. On peut monétiser ses vidéos grâce aux publicités ou créer ses propres produits à vendre à sa communauté.

Personnellement, j’ai eu la chance de commencer à vivre de mes vidéos dès les premiers mois. Mais au-delà des revenus, la création de contenu offre une visibilité hors-norme. C’est cette visibilité et cette communauté qui ont la plus grande valeur à mes yeux. Pour moi, cette activité a été un vrai boost, et pas seulement pour les projets entrepreneuriaux. Je recommande à tout le monde de se lancer sur les réseaux sociaux.

 

Quels conseils donnerais-tu à ceux qui souhaitent se lancer ?

Pour ceux qui veulent tenter l’aventure, je recommande d’abord de bien comprendre l’algorithme. Il faut commencer par observer ce qui marche : étudier les plus gros créateurs de contenu et comprendre cet écosystème. Les réseaux sociaux, c’est un domaine qui évolue vite, très vite. Mais si tu analyses suffisamment, tu peux réussir très vite.

Personnellement, à chaque vidéo virale que je voyais passer sur mon feed, je me posais la question : Pourquoi cette vidéo est devenue virale ? Comment a-t-elle été montée pour capter notre attention ? Quelles techniques sont utilisées pour l’optimiser face à l’algorithme ?

“La régularité, c’est le plus important”, on entend ce conseil partout, mais à mon avis, c’est secondaire. Plutôt que de produire des vidéos en masse, mieux vaut en faire moins, mais s’assurer que chaque vidéo soit bien pensée et bien montée. C’était ma stratégie en tout cas. 

Mais surtout, lancez-vous !