Interview de Maud Caillaux, créatrice de Green-Got !

Interview de Maud Caillaux, créatrice de Green-Got !

En France, le secteur bancaire finance des projets qui émettent énormément de  gaz à effets de serre. Très préoccupé par les problématiques environnementales, Maud Caillaux a décidé de créer sa propre banque éco responsable. 

 

Comment vous est venue l’envie de créer Green-Got ?

Comme beaucoup de personnes de ma génération, on doit tout faire pour lutter contre la crise climatique, environnementale et de la biodiversité. Je ne me voyais plus du tout passer une seule minute de mon temps et de mon énergie pour un travail qui n’allait pas dans ce sens-là. J’ai pu voir déjà à mon échelle des changements dans les régions, en Bourgogne par exemple, et je veux absolument limiter au maximum ces changements.

 

Comment avez-vous trouvé le courage de créer une nouvelle banque, alors qu’il est difficile de se faire une place sur ce marché ?

Je ne me suis pas posé plus de questions que ça, et je me suis lancée, en me disant que j’allais absolument tout faire, tout ce qui est en mon pouvoir, tout tenter, me mettre aucune limite pour mener à bien ce projet. Aujourd’hui, c’est le secteur bancaire qui est le premier vecteur de pollution, car il subventionne les énergies fossiles. Les 4 plus grandes banques françaises par exemple émettent 5 fois plus de CO2 que la France entière.

 

Quels échecs avez-vous rencontrés dans la création de Green Got, et comment les avez – vous surmontés ?

Nous n’avons pas été confrontés à des échecs. Je vois beaucoup l’entrepreneuriat comme le fait qu’on te lâche au milieu d’une forêt comme l’Amazonie ou la savane, et tu dois faire ton propre chemin.

Nous n’avons pas vraiment eu de gros échecs, on est plutôt tombé des nues sur certains sujets. Notamment sur la question de la finance verte où il y a beaucoup de labels, qui permettent d’assurer que ce que l’on finance est vert, mais on se rend que finalement, pas du tout. On s’est donc rendu compte que si on voulait faire les choses bien, il fallait passer beaucoup plus de temps dessus.

 

 

Comment définiriez – vous la finance verte ? Quelle est son importance dans notre monde aujourd’hui ?

Très très bonne question ! Ma définition, mais surtout notre mission chez Green – Got, c’est d’arrêter la finance carbone, c’est – à – dire d’arrêter de financer les exploitations et l’exploration d’énergies fossiles, car la seule variable à laquelle le réchauffement climatique va répondre c’est la diminution gaz à effet de serre. Or, si on continue à émettre autant et qu’on fait beaucoup d’éoliennes, ça ne changera pas les choses.

Donc ce que l’on fait avant – tout chez Green – Got c’est d’arrêter la finance carbonée. On veut limiter et diminuer au maximum les émissions de gaz à effet de serre et préparer l’adaptation de notre monde. Pour cela, on oriente les flux et l’épargne massivement vers 6 thématiques pour préparer la transition :

  • Agriculture durable
  • Énergies renouvelables
  • Traitement des déchets
  • Protection des forêts
  • Économie circulaire
  • Transport bas carbone

 

Quelle fut votre réaction quand vous avez appris que vous étiez nommée dans les 30 under 30 ? Comment garder les pieds sur terre ?

Tout d’abord, c’était une très agréable surprise ! Ce fut très intéressant pour nous et notre projet. Cela nous a donné en crédibilité et en légitimité. Mais ce n’était pas non plus un « game changer ». On garde donc les pieds sur terre, parce que toutes les problématiques du quotidien ne s’évaporent pas, même si ça nous a permis d’avoir une très bonne visibilité.

 

Comment convaincre les populations de changer pour une banque plus écoresponsable ?

On ne va pas avoir à les convaincre, elles vont voir elle -même qu’il y a moins d’eau, que l’été est plus chaud, que la nourriture n’est pas forcément quelque chose de garantie, que des énormes mouvements de migration dus au changement climatique peuvent avoir lieu. C’est triste, mais plus on avance, plus les conséquences du changement climatique vont être visibles, et plus on va se rendre compte qu’il est absolument nécessaire de faire à son échelle pour éviter le réchauffement climatique. 

 

Quel conseil donneriez – vous aux étudiants qui souhaitent se lancer, mais qui ont peur de l’échec ?

N’ayez pas peur de l’échec ! Si vous n’essayez pas, vous ne connaître pas l’échec. On ne le connaît qu’en tentant des choses. Pour illustrer ça, on peut se rapporter à l’image de l’enfant qui essaie de marcher pour la première fois et qui tombe. L’enfant ne va pas se dire que la marche n’est pas faite pour lui, mais il va bien se relever et réessayer.

Il ne faut donc pas avoir peur, si vous échouez ce n’est pas grave, vous vous relèverez. Lancez – vous et n’ayez pas peur ! Aujourd’hui, vous pouvez aussi vous aider d’Internet. Apprenez simplement à oser, c’est le plus important, et sortez des lignes un peu classiques, c’est-à-dire des cours que vous avez à l’école. Ayez vos propres projets personnels, et confrontez-vous-y !