
- ANALYSES
Ilona Jouve
- 1 avril 2025
Quel est le salaire après un doctorat ?
Le doctorat est le plus haut diplôme universitaire, fruit de plusieurs années de recherche et d’efforts intensifs. Pourtant, malgré cette qualification prestigieuse, beaucoup de docteurs se retrouvent face à une réalité décevante : les salaires varient fortement selon le secteur, le pays et la discipline étudiée. Alors, que peut-on espérer en termes de rémunération après un doctorat ?
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1) Salaire dans le milieu académique : prestige, passion, mais rémunération limitée
Le postdoctorat : une étape souvent incontournable
Après avoir soutenu leur thèse, de nombreux docteurs poursuivent un postdoctorat (ou « postdoc ») pour approfondir leurs recherches avant de briguer un poste stable à l’université ou dans un institut de recherche.
- En France, un postdoctorant gagne entre 2 000 et 3 000 € brut par mois, un salaire souvent jugé faible compte tenu des années d’études.
- Aux États-Unis, le salaire moyen d’un postdoc varie entre 50 000 et 65 000 $ par an.
- En Allemagne et au Royaume-Uni, il se situe entre 40 000 et 55 000 € brut par an.
Cette période est souvent précaire, avec des contrats courts et peu d’opportunités de stabilisation.
Devenir maître de conférences ou professeur : un parcours difficile mais stable
Obtenir un poste permanent dans l’enseignement supérieur est un objectif pour beaucoup, mais les places sont rares et les recrutements très compétitifs.
- Un maître de conférences en début de carrière touche environ 2 300 € net par mois en France, avec une évolution progressive jusqu’à 4 500 € net.
- Un professeur des universités peut espérer un salaire de 3 000 à 7 000 € net mensuels, selon son ancienneté.
Si ces salaires restent en deçà de ceux du secteur privé, ils offrent une stabilité professionnelle et des avantages sociaux intéressants (sécurité de l’emploi, retraite attractive).
2) Salaire dans le secteur privé : des écarts importants selon la spécialisation
Les sciences dures et technologies : un fort potentiel de rémunération
Les docteurs en ingénierie, intelligence artificielle, biotechnologies ou informatique bénéficient d’une forte demande dans l’industrie.
- En France, ils peuvent débuter avec un salaire de 40 000 à 55 000 € brut par an (3 300 à 4 600 € par mois).
- Aux États-Unis, les salaires atteignent 90 000 à 120 000 $ par an, voire plus.
- En Allemagne et au Royaume-Uni, la rémunération oscille entre 50 000 et 70 000 € brut annuels.
Dans ces domaines, les compétences acquises en recherche sont bien valorisées, notamment dans les entreprises innovantes et les laboratoires privés.
Les sciences humaines et sociales : des salaires plus bas et des débouchés limités
Les docteurs en philosophie, sociologie, histoire ou lettres rencontrent davantage de difficultés à intégrer des secteurs rémunérateurs.
- En France, leur salaire de départ se situe souvent entre 30 000 et 40 000 € brut par an (2 500 à 3 300 € par mois).
- L’évolution salariale dépend du secteur d’activité : enseignement, consulting, institutions publiques ou médias.
Ces disciplines offrent moins de débouchés lucratifs, obligeant parfois les diplômés à se reconvertir dans des domaines plus rentables.
3) Facteurs influençant le salaire après un doctorat
Le pays d’exercice : un critère déterminant
Les salaires après un doctorat varient considérablement selon les pays :
- États-Unis, Suisse, Allemagne et pays nordiques offrent des rémunérations plus attractives.
- France, Espagne et Italie sont en général moins généreuses, surtout dans le secteur académique.
Le secteur d’embauche : académique vs industrie
L’industrie rémunère souvent mieux que l’université :
- L’industrie valorise les docteurs dans les sciences et technologies, leur offrant des salaires élevés et des perspectives d’évolution rapides.
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- L’université offre un prestige académique et une stabilité, mais avec des salaires souvent inférieurs.
Les compétences complémentaires et l’expérience
Avoir un doctorat ne garantit pas un bon salaire : les expériences en entreprise, les publications et les compétences transversales (gestion de projet, data science, communication scientifique, etc.) jouent un rôle clé dans l’évolution professionnelle.
4) Un doctorat est-il rentable ?
Des perspectives intéressantes pour les sciences et technologies
Un docteur en informatique, IA, physique ou chimie peut espérer un retour sur investissement rapide, avec des salaires attractifs et une forte employabilité.
Des difficultés dans les disciplines moins valorisées
Un docteur en sciences humaines ou sociales devra souvent faire face à un marché du travail plus restreint et des salaires plus bas, surtout s’il reste dans l’enseignement ou la recherche.
Un choix qui doit être bien réfléchi
Faire un doctorat doit être un choix stratégique et passionné, mais aussi réaliste en fonction des perspectives d’emploi et des salaires attendus.
5) Conclusion : Quel salaire après un doctorat ?
Le salaire après un doctorat dépend de plusieurs facteurs :
- Le domaine d’étude : les sciences et technologies offrent des salaires élevés, tandis que les sciences humaines sont moins valorisées financièrement.
- Le secteur d’activité : l’industrie rémunère mieux que l’université, surtout pour les domaines scientifiques et techniques.
- Le pays : les États-Unis et la Suisse proposent des rémunérations bien plus élevées qu’en France ou en Espagne.
Bien qu’un doctorat représente une expertise précieuse et un atout sur le marché du travail, il ne garantit ni un emploi immédiat ni un salaire élevé. Il est donc essentiel d’analyser les débouchés et d’acquérir des compétences complémentaires pour maximiser son potentiel de rémunération.