
L’avenir de l’audit : digitalisation, développement durable et nouvelles attentes
Dans un monde marqué par les transformations numériques, la montée en puissance des enjeux de durabilité et une régulation toujours plus exigeante, les métiers de l’audit ont dû évoluer. Aujourd’hui, les professionnels ne se contentent plus d’examiner les états financiers des entreprises. Cette évolution pose une question cruciale : comment former les auditeurs de demain pour qu’ils répondent aux attentes d’un marché en perpétuel changement ?
Les changements dans le secteur
La crise de la COVID-19 a accéléré la rupture numérique dans le secteur de l’audit. Face à cette réalité, les cabinets d’audit doivent s’adapter afin de rester compétitifs et de se servir des outils numériques comme des atouts. Les grands cabinets d’audit en sont aujourd’hui convaincus : la maîtrise des systèmes d’information, de leur analyse à leur interprétation, est fondamentale. Ainsi, l’audit augmenté est une option de choix pour les cabinets d’audit souhaitant s’adapter et opter pour l’audit 4.0. Parmi ces outils informatiques : l’IA.
L’IA aura un rôle clé dans le futur de l’audit : elle permettra le traitement des données, des analyses prédictives en orientant les auditeurs par l’identification des risques potentiels, ainsi qu’un gain majeur d’efficacité. Selon Kanini (2023), les outils d’analyse de l’IA peuvent réduire les délais d’audit de 30 %, ce qui permettrait aux auditeurs de se concentrer davantage sur des tâches stratégiques.
Autre changement de taille : l’émergence de la RSE. Les entreprises se veulent aujourd’hui de plus en plus durables, et cette tendance risque de se confirmer dans les prochaines années. Les métiers de l’audit ont donc dû s’enrichir d’un nouveau type d’audit : l’audit ESG. À cela s’accompagnent de nouveaux critères plus variés, tels que le Global Reporting Initiative (GRI) ou encore le Sustainability Accounting Standards Board (SASB). Ces normes d’audit sont utiles aussi bien pour les audits internes effectués au sein des entreprises que pour les audits externes effectués notamment par des cabinets du Big 4, par exemple. Les auditeurs seront donc amenés à être en mesure d’identifier les risques ESG et d’anticiper les attentes des investisseurs et des régulateurs, qui demandent des rapports précis et comparables.
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De nouvelles compétences s’avèrent donc indispensables de nos jours
Les métiers de l’audit se veulent de plus en plus pluridisciplinaires. Les compétences techniques demeurent une part importante de la formation des futurs auditeurs. La maîtrise de la comptabilité, de la finance et de l’évaluation des systèmes de gestion des risques reste essentielle. Cependant, dans un monde où la digitalisation transforme les modèles d’affaires, ces compétences doivent être enrichies d’une connaissance approfondie des nouvelles réalités professionnelles.
Tout d’abord, les auditeurs dotés de compétences « vertes » occupent une place de plus en plus centrale. Les audits environnementaux, les évaluations de l’empreinte carbone et l’alignement sur les objectifs de durabilité, tels que les Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations unies, devraient dominer le paysage de l’audit dans les prochaines années. Des compétences et connaissances liées aux normes ISO (International Organization for Standardization), mettant en avant des critères RSE comme la norme ISO 14001 définissant les exigences pour un système de management environnemental (SME), seront de plus en plus recherchées.
Les évolutions technologiques sont elles aussi un profond bouleversement dans le secteur de l’audit. La technologie offre la possibilité d’améliorer la qualité et l’efficacité des métiers de l’audit. Les compétences en informatique, mais aussi en intelligence artificielle, seront donc un grand atout pour le secteur. Ces avancées sont devenues de réels atouts et permettent de gagner en efficacité. C’est pourquoi de grands cabinets décident de former leurs employés à de telles évolutions, comme ce fut le cas de Forvis Mazars, qui a organisé des formations en IA en 2024. De même, la capacité d’adaptation, permettant de suivre les évolutions technologiques que le secteur s’apprête à connaître dans les prochaines années, sera elle aussi valorisée.
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C’est pourquoi la formation des futurs auditeurs doit s’adapter
L’intégration des nouvelles technologies dans les cursus est essentielle. Les formations en audit doivent inclure des modules sur l’analyse de données, l’IA appliquée à l’audit, la cybersécurité et la blockchain. Ces outils permettent d’automatiser certaines tâches de contrôle et d’améliorer la capacité des auditeurs à analyser des données complexes en temps réel.
Les formations des futurs auditeurs financiers évoluent également pour inclure des modules dédiés à l’analyse de données et à l’intelligence artificielle appliquée à l’audit. De nombreuses écoles de commerce, telles que HEC, ESSEC ou SKEMA, intègrent désormais des cours sur le Big Data et l’IA afin de former des auditeurs capables de manipuler des volumes massifs d’informations et de détecter des anomalies avec des outils avancés (Python, SQL, Power BI, etc.).
Toutefois, l’apprentissage ne s’arrête pas aux études. Dans un secteur en perpétuelle évolution, la formation continue devient incontournable. Les écoles de commerce et les cabinets d’audit proposent des formations en ligne, des MOOCs et des certifications spécialisées pour permettre aux professionnels de se mettre à jour sur les nouvelles réglementations (IFRS, RGPD, ESG, etc.) et les outils technologiques. De nombreuses associations professionnelles, telles que l’ISACA, mettent aussi à disposition des formations pour former à l’utilisation des outils numériques et de l’intelligence artificielle dans les métiers de l’audit.
Les auditeurs de demain ne seront donc plus de simples techniciens de la comptabilité et du contrôle financier. Grâce aux écoles de commerce et à l’évolution des formations, ils deviendront de véritables analystes de données, capables d’évaluer la santé financière des entreprises avec des outils digitaux avancés et une compréhension fine des enjeux stratégiques et sectoriels.
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