Interview de Rémi Said, General Partner chez Partech Impact

Interview de Rémi Said, General Partner chez Partech Impact

Cet article présente le témoignage captivant de Rémi Said, Co-fondateur et General Partner de Partech Impact. Nous abordons plusieurs sujets, notamment son parcours académique et professionnel, les activités des fonds Partech, en mettant particulièrement l’accent sur le fonds Partech Impact, ainsi que sur le segment Impact dans le domaine du capital-risque et les attentes liées à l’obtention d’un stage dans un fonds d’investissement en général.

Pouvez-vous vous présenter et revenir succinctement sur votre parcours scolaire et professionnel ?

Bonjour, je suis Rémi Said, General Partner chez Partech Impact, un fonds d’investissement. Mon parcours académique est assez traditionnel : j’ai suivi deux années de classes préparatoires Maths Sup Maths Spé au lycée Henri IV, puis j’ai intégré l’Ecole Polytechnique et j’ai effectué ma quatrième année à l’Université de Columbia aux États-Unis, y décrochant un double master.

J’ai ensuite débuté ma carrière professionnelle chez McKinsey à Paris, où j’ai travaillé pendant près de 7 ans. Ensuite, j’ai rejoint Bain Capital où j’ai travaillé pendant 8 ans, principalement sur les activités en France et en Europe du Sud, avant de rejoindre Partech en 2022 pour co-fonder le fonds Partech Impact.

Quelles sont les activités de Partech et de Partech Impact ?

Partech est une plateforme d’investissement spécialisée dans les entreprises qui intègrent une véritable technologie au cœur de leur modèle économique. Nous accomplissons cette mission à travers nos 5 fonds d’investissement qui ont chacun une stratégie distincte, et qui couvrent l’ensemble des stades de développement d’entreprises, en France, en Europe et dans le monde.

Tout d’abord, nous disposons d’un fonds de Seed, qui investit dans des start-ups encore à un stade précoce, généralement lors de leur première levée de fonds, nos investissements se situant entre 1 et 2 millions d’euros.

Ensuite, notre fonds de Ventures, fonds historique du groupe, cible des entreprises B2B Tech plus matures, avec des tickets d’investissement allant de 5 à 10 millions d’euros. Ces entreprises ont souvent développé un premier produit et nous cherchons à les accompagner jusqu’à une taille critique.

Nous proposons également un fonds de Growth, destiné aux entreprises générant déjà un chiffre d’affaires d’environ une dizaine de millions d’euros, avec des investissements pouvant atteindre jusqu’à 50 millions d’euros.

Nous avons aussi un fonds africain, le premier fonds de ventures tech en Afrique qui accompagne au stade les entreprises technologiques du continent africain.

En 2022, nous avons lancé notre dernier fonds, Partech Impact, qui est un fonds de Growth axé sur les entreprises à impact. Notre objectif est de faire de ces entreprises des leaders européens et mondiaux dans leur domaine.

Ces fonds couvrent les différents niveaux de maturité des entreprises technologiques en développement. Partech a toujours été pionnier dans chacun de ces segments (Seed, Growth, Afrique et Impact) en lançant des fonds d’investissement qui adressaient une demande du marché, en avance de phase.

Quel a été le raisonnement derrière le lancement de Partech Impact et comment définissez-vous votre approche de l’investissement à impact ?

Nous avons lancé Partech Impact pour combler un trou que nous avons observé sur le marché des fonds d’impact. Nous avons constaté d’un côté l’émergence d’une multitude de fonds qui investissent principalement dans des entreprises très jeunes, au travers de tickets d’investissement ne dépassant pas les 5 à 10 millions d’euros et de l’autre côté la présence de fonds plus importants, dit de « buy-out » s’intéressant aux entreprises à impact, avec des tickets d’investissement bien plus conséquents. Nous nous positionnons dans ce trou de marché entre ces deux types de fonds : nos investissements se situent entre 20 et 30 millions d’euros pour aider les entreprises qui ont un modèle économique éprouvé et une vraie maturité commerciale à devenir des champions européens et globaux dans leur domaine d’activité.

Notre approche de l’impact est assez simple : nous sommes des investisseurs thématiques et investissons dans des entreprises dans les secteurs de la décarbonation, l’énergie, l’économie circulaire, l’agri-tech, l’environnement, la mobilité ou la santé.

Nous cherchons ensuite à identifier, dès la phase d’analyse de nos investissements, un indicateur quantitatif qui mesure l’impact de l’entreprise. Cette mesure varie en fonction de chaque entreprise. Par exemple, pour une entreprise axée sur la décarbonation, nous mesurerons et reporterons les tonnes de CO2 qu’elle permet de réduire ; pour une entreprise œuvrant dans l’irrigation par exemple, nous nous concentrerons sur les litres d’eau que l’entreprise permet d’économiser. L’identification d’une mesure tangible liée fortement au modèle opérationnel et au secteur dans laquelle l’entreprise évolue est une étape clé pour nous permettre d’identifier les entreprises dites Impact-native.

La FrenchTech traverse une période délicate, qu’en est-il du segment Impact ?

Il semble qu’il y ait en effet une « renormalisation » des valorisations des startups tech sur le marché, y compris celles opérant dans la verticale « impact ».

Les entreprises tech à impact bénéficient néanmoins de tendances de marché très favorables en termes de croissance, notamment grâce aux réglementations européennes et aux changements dans les habitudes des grandes entreprises et des consommateurs.

Lorsqu’un investisseur examine un dossier, il doit considérer la trajectoire de croissance et de rentabilité de l’entreprise. Il semble que de nombreuses entreprises tech à impact continuent d’attirer l’attention des investisseurs en raison de ces tendances de marché robustes.

Pourquoi avez-vous décidé de vous orienter vers des initiatives à impact à ce stade de votre carrière, et comment utilisez-vous les compétences acquises chez McKinsey et Bain Capital pour accompagner les entreprises dans lesquelles vous investissez ?

À partir de mes expériences antérieures, notamment chez McKinsey et Bain Capital, j’ai eu l’opportunité de travailler avec de nombreuses entreprises sur leur transformation ESG. Ces missions m’ont permis de prendre conscience de la profondeur et de la croissance de la maturité de l’écosystème impact en Europe.

Personnellement, à ce stade de ma carrière, j’ai ressenti le besoin de me tourner vers des initiatives à impact et d’appliquer ce que j’avais appris lors de mes expériences passées pour résoudre des problèmes environnementaux ou sociaux. J’avais une réelle volonté d’aider les entrepreneurs à accroître leur impact, en mettant à l’échelle leurs entreprises.

Les compétences que j’ai acquises chez McKinsey et Bain Capital sont principalement axées sur l’accompagnement des entreprises dans des domaines stratégiques et opérationnels. Ces compétences sont précisément celles que nous mettons désormais à disposition des entreprises dans lesquelles nous investissons.

Selon vous, quelles sont les qualités essentielles qu’un candidat devrait posséder pour travailler dans un fonds d’investissement, en tenant compte à la fois de son parcours académique et de son expérience professionnelle ou associative ?

Je crois qu’avoir fréquenté une école d’ingénieur ou de commerce en France est un signe de capacité de travail et d’aptitude analytique, qui sont des qualités importantes pour réussir dans un fonds d’investissement. Il est évident que ce genre de profils sont des profils intéressants pour travailler dans l’univers de l’investissement. Cependant, bien que le diplôme soit important, le parcours personnel est également crucial.

À mon avis, le diplôme seul ne suffit pas ; nous recherchons des candidats capables d’apporter des compétences interpersonnelles, telles que la capacité de travailler en équipe, ou d’interagir avec les équipes des entreprises dans lesquelles nous investissons. Ces compétences peuvent être acquises notamment grâce à des expériences professionnelles ou associatives.

Quel souvenir gardez-vous de vos deux années en classe préparatoire à Henri IV ?

J’ai vraiment apprécié cette période ; c’était à la fois intense et difficile, mais elle m’a permis d’apprendre énormément. J’ai développé des compétences pour travailler efficacement sous pression et j’ai travaillé sur ma capacité à gérer le stress, en plus de suivre des cours très enrichissants.

Le fonds Partech Impact a-t-il l’habitude de recruter des stagiaires ? Quelle est votre politique de recrutement ?

Nous recrutons généralement entre 1 et 2 stagiaires par semestre. La plupart des candidats ont déjà effectué un premier stage dans le domaine du conseil, de la banque ou de l’investissement. Notre objectif est d’aider les jeunes à acquérir les compétences nécessaires pour devenir des investisseurs compétents.

Un grand merci à Rémi Said pour cette interview.