- ENQUÊTES INTELLIGENCE ARTIFICIELLE TECH
- Sharjeel Tahir
- 25 août 2023
Intelligence artificielle : quel impact sur le travail ?
L’ESSEC Metalab for Data, Technology & Society, en collaboration avec l’OCDE, a publié fin avril 2023 les résultats de leur enquête sur les conséquences du déploiement de l’Intelligence artificielle (IA) sur l’organisation du travail, l’adaptabilité des salariés, et les enjeux nouveaux introduits par ces technologies.
Présentation de l’étude OCDE – ESSEC Metalab for Data, Technology & Society
L’étude a été menée entre mi-janvier et mi-février 2022 et consistait en un recueil de témoignages de toutes les parties prenantes, salariés compris, portant sur la mise en oeuvre de l’IA et ses impacts. L’objectif était d’interroger directement les personnels au coeur de ces changements, afin d’éviter d’interroger les directions des entreprises.
Au total, 2053 entreprises ont contribué au projet, issues des secteurs de la finance, de l’assurance et de la production.
Les participants interrogés résidaient dans l’un des sept pays suivants :
- France
- Allemagne
- Autriche
- Canada
- États-Unis
- Irlande
- Royaume-Uni
L’intelligence artificielle, source de productivité et d’emplois plus qualitatifs
Près de 80% des utilisateurs d’IA déclarent qu’elle a amélioré leurs performances au travail, contre 8% qui pensent qu’elle les a aggravées.
19% des salariés du secteur de la finance et 14% de ceux de l’industrie manufacturière expriment une peur de perdre leur emploi dans la décennie à venir à cause de l’IA. Ils sont respectivement 46% et 50% à ne pas en être inquiets du tout. Enfin, la plupart des personnes interrogées déclare que l’IA les aident de façon significative dans leur prise de décision.
Ces chiffres peuvent s’expliquer par le fait que l’IA favorise l’automatisation des tâches routinières, mais s’étend également sur des tâches plus complexes voire incertaines, comme les systèmes de maintenance prédictive.
“Peu importe à quel point l’IA est avancée dans une organisation, il y a ce sentiment partagé que certaines tâches seront toujours mieux exécutées par des humains, comme celles impliquant de l’empathie, de l’interaction sociale et certaines prises de décision impliquant des ressources humaines.” précise Julien Malaurent, Directeur académique du Metalab et auteur du volet français de l’étude.
L’intelligence artificielle modifie les compétences exigées par les employeurs
L’arrivée des technologies utilisant l’intelligence artificielle nécessite des compétences pointues comme des compétences analytiques avancées et des compétences interpersonnelles éprouvées.
Pour mieux répondre à cette évolution des compétences, les employeurs mettent en place des formations, dont 53% en faisant appel à des prestataires de service. Ainsi, environ 45% des employeurs de la finance et de l’industrie ont adopté des outils à base d’IA suite à des consultations avec les salariés et leurs représentants. Cependant, beaucoup de salariés sont inquiets du fait de la surveillance par les données, qui engendre une pression importante lors de la réalisation de leur tâches.
Le coût de l’implémentation de l’IA : frein principal à son adoption par les employeurs
58% des employeurs de l’industrie et 53% de la finance affirment que les coûts élevés sont l’obstacle principal à l’adoption de l’IA, et 41 % (resp. 43 %) identifient le manque de compétences disponibles comme un obstacle majeur tandis que seulement 25 % (resp. 19 %) de ces mêmes secteurs déclarent que la réglementation est un obstacle majeur à son adoption.
Il est à noter que cette étude a été menée en 2022, soit avant l’explosion de l’utilisation de l’IA “générative” : les résultats traduisent la réalité des entreprises, qui sont peu nombreuses à avoir intégré l’IA générative dans leur fonctionnement, mais gagneraient en profondeur via une nouvelle consultation à l’aune de l’influence de cette nouvelle IA auprès des salariés.