Interview d’Anne-Sophie Thomas, co-fondatrice & CEO de Gestia Solidaire
Rencontre avec Anne-Sophie Thomas, où nous avons pu avoir une interview sur le thème du logement : une thématique où il y a urgence !
Bonjour Anne-Sophie, pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Je suis issue du milieu de l’immobilier et de l’impact. J’ai eu la chance de démarrer dans l’immobilier au sein d’une foncière ESS lyonnaise qui s’appelle Etic, et de découvrir une approche différente de l’immobilier traditionnel qui consiste à utiliser la valeur patrimoniale en la combinant avec l’impact social et environnemental.
Ce sont ces valeurs qui ont façonné ma vision du marché immobilier et m’ont poussé à m’engager en créant une entreprise immobilière à impact pour défendre le droit au logement pour tous.
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Vous avez deux Masters obtenus en 2015 et 2019 : pourquoi avoir repris vos études pour un MBA à Université de Laval, après votre Master droit privé option gestion patrimoniale ?
J’ai fait un Master de droit privé à Lyon. Tout en travaillant au sein de la Fonciere Etic, car j’ai eu beaucoup de mal à me loger. Je faisais partie d’étudiants échelon zéro de la bourse avec des parents qui ne pouvaient pas payer mon logement et mes études.
J’ai donc travaillé jusqu’à l’obtention de mon diplôme. Puis j’ai décidé de partir au Canada faire un MBA en économie urbaine pour avoir une transversale plus financière, mais aussi développer mon sujet de cœur : l’impact des politiques publiques sur le prix des loyers en France.
Dans votre parcours, vous avez eu trois expériences associatives. Que vous a apporté votre vie associative dans votre vie professionnelle et personnelle ?
J’ai décidé de m’engager dans le milieu associatif depuis toujours et à des périodes de ma vie où j’avais du temps à investir pour le donner aux autres. Mais aussi l’envie de m’impliquer pour donner du sens à ma vie.
Je pense que l’implication associative permet de voir de près les inégalités, arrêter d’être égocentriques et agir à son échelle.
Quelle expérience associative vous a le plus marquée et pourquoi ?
L’expérience qui m’a le plus marquée et celle au Canada. J’étais au Conseil d’administration d’un centre pour aînés. Mais aussi bénévole pour aider une personne aveugle. J’avais rendez-vous avec elle toutes les semaines voir deux fois par semaine pour la guider sur une promenade ou petite course. Ça m’a beaucoup appris sur l’écoute et enrichi humainement en me sentant utile et plus ouverte aux autres.
En 2016, vous avez monté votre première entreprise dans l’immobilier. Comment le lancement s’est-il passé ?
En 2016, c’est l’année où je débute l’immobilier. Je ne savais pas encore où j’allais. J’ai créé avec l’envie d’entreprendre. Mais je n’avais pas encore un business model défini. J’étais en phase idéation et j’ai testé une première entreprise avec Matcher un bien plus tourné vers la tech qui s’est mutée 6 ans plus tard en Gestia Solidaire.
Quelles ont été les difficultés et les succès de cette aventure entrepreneuriale qui a duré 6 ans ?
Dans cette aventure, j’ai eu l’excitation et l’énergie de toute personne qui crée sa première entreprise.
Mais je continuais à travailler et étudier en parallèle et à l’étranger. Ce qui était mission impossible pour développer une entreprise. J’ai aussi fait l’erreur de dépenser beaucoup sur la tech sans me soucier du besoin réel et donc de délivrer le produit avant de l’avoir testé. Ce sont les erreurs courantes d’une première entreprise.
En parallèle de votre première aventure entrepreneuriale, vous lancez GESTIA solidaire. Pourquoi avoir lancé GESTIA Solidaire ?
J’ai lancé Gestia Solidaire à partir de 2018, j’avais en tête à ce moment l’entreprise que je voulais vraiment créer avec une idée précise et vision de la direction que je voulais prendre, mais aussi le recul sur ma première entreprise.
Quels sont les projets de GESTIA Solidaire ?
Gestia Solidaire vise à développer massivement son offre de logement alternative sur toute la France et les DOM en adressant le maximum de propriétaires bailleurs particuliers, mais aussi en travaillant avec les promoteurs et collectivités.
A quoi ressemble votre quotidien de CEO ?
- Réveil à 7h
- Je visualise mon agenda du jour
- Direction le bureau pour 8h30-40
- Ensuite ma journée s’enchaîne : réunions, stratégie et beaucoup de résolutions de problème jusqu’à 19h30
- Puis repos : sport, temps de famille ou amis sans travailler pour penser à autre chose et déconnecter chaque soir.
De manière plus générale, quels sont pour vous les grands enjeux du secteur de l’immobilier actuellement ?
Le secteur vit une crise économique, sociale et environnementale. Pour la première fois depuis le dernier crash en 2008, les acteurs du logement social et privé sont touchés par le ralentissement économique sur le marché, mais aussi la crise sociale et environnementale qui l’impacte.
Autant d’externalités négatives qui nécessitent l’intervention d’un régulateur qui ne peut être que l’état pour relancer via de la finance redistributive le marché, mais aussi poser une politique de long terme mise en place avec les acteurs du terrain.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?
La concrétisation de projets qui bénéficient à nos bénéficiaires. Je suis heureuse et je me sens utile et je me dis qu’on aide avec toute l’équipe quand je vois une famille logée, un jeune qui va arrêter de galérer pour se loger…
À l’inverse, quelles sont les difficultés rencontrées par GESTIA Solidaire et comment les avez-vous surmontées ?
Les difficultés sont quotidiennes, on voit l’ampleur de la crise sur notre développement mais aussi nos bénéficiaires. On avance sur un marché incertain en tant que jeune entreprise.
On doit redoubler d’effort et rester Focus sur notre mission pour avancer au quotidien.
Le mot de la fin
J’appelle chaque personne qui lira ce texte à agir à son échelle contre le mal logement : avec un don, en s’engageant bénévolement, en s’intéressant au sujet ou en passant par Gestia Solidaire.
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