- CARRIÈRE INTERVIEWS RSE & DD
- Lou Tardy
- 12 janvier 2021
Rencontre Capucine Columelli – Head of Data à La Fourche
Bonjour Capucine, pouvez-vous vous présenter et nous parler de vos études ?
Bonjour, je m’appelle Capucine Columelli, j’ai 28 ans et j’habite à Paris depuis toujours. J’ai effectué mon lycée à Paris et après le bac je suis allée en prépa pour les écoles de commerce où j’ai intégré l’ESSEC. Déjà durant les concours, j’étais intéressé par l’ENSAE, ce qui s’est concrétisé par un double diplôme ESSEC-ENSAE, grâce auquel j’ai pu alterner chaque année entre l’ESSEC et l’ENSAE. J’étais très intéressée par l’ENSAE car j’ai toujours adoré les mathématiques et la rigueur qu’elles demandent. C’était aussi le moment où ce qu’on appelait “le Big Data” prenait beaucoup d’ampleur. Je ressentais aussi le besoin d’avoir une stimulation intellectuelle proche de ce que la prépa offrait. Les deux écoles étaient très complémentaires : en arrivant à l’ENSAE, j’ai vraiment compris ce que l’ESSEC m’avait apporté.
Selon vous, que vous a apporté le double-diplôme avec l’ENSAE ?
Le double diplôme ESSEC-ENSAE m’a apporté plusieurs compétences importantes, qui se sont révélées très utiles par la suite. Tout d’abord, une rigueur scientifique ainsi qu’une maîtrise de l’analyse des données, qui est une partie majeure de mon métier aujourd’hui. Deuxièmement, et c’est ce que j’ai pu évoquer en me présentant, c’est que j’ai vraiment compris l’intérêt de l’ESSEC et des écoles de commerce. L’ESSEC m’a apporté de solides compétences de prise de décision, de mise en action, en bref: faire d’un projet une réussite. Tandis que l’ENSAE m’a appris à me questionner, décomposer des problèmes, poser ma réflexion.
Quels ont été vos stages durant votre période grande école ? Qu’en avez-vous retiré ?
Afin de valider mon double diplôme, mes stages devaient inclure une forte composante d’analyse de données. J’ai donc effectué mon premier stage en 2014 chez Accenture en tant que Data analyst pour un acteur de la grande distribution au Moyen-Orient. Ce stage m’a permis de me professionnaliser, et d’appliquer mes compétences en analyses de données. J’ai aussi réalisé que les grands groupes n’étaient pas forcément faits pour moi.
Puis, en 2015, j’ai rejoint Criteo à Barcelone pendant 6 mois, dans un poste qui ressemble à ce qu’on appelle aujourd’hui le Growth Hacking. Le fait que Criteo soit une startup utilisant de nouvelles technologies m’a énormément attirée ! J’ai tout de même réalisé que je préférais travailler en équipe que toute seule. Je passais la majorité de mon temps sur un code, sur lequel j’étais seule à travailler. Mes choix dans mes futurs stages ont donc été influencés par ce que j’ai appris lors de ces deux premières expériences.
A ce moment-là, je savais que j’avais envie de travailler en équipe et au sein d’une start-up. J’ai alors passé 4 mois en stage chez eFounders, un start-up studio parisien spécialisé dans les SaaS, pour participer au lancement d’un projet. J’ai adoré l’émulation au sein du startup studio, et l’excitation des débuts du projet! J’ai donc rapidement rejoint une autre entreprise eFounders, Foxintelligence, où j’ai travaillé deux ans en CDI en tant que Data Product Manager. Ce travail était plus axé sur le management, la gestion de projet, la stratégie.
Après ces deux ans de CDI, je me suis rendue compte que j’avais besoin de donner un sens à mon travail et à ma vie. J’ai vite pris conscience, à travers mes premières expériences professionnelles, que je consacrais la majeure partie de mon temps et de mon énergie à mon travail. A partir de là, j’ai décidé d’investir mon énergie dans des projets qui me motivent, en adéquation avec mes valeurs. Durant un an, j’ai donc rencontré de nombreuses personnes engagées de près ou de loin dans la transition écologique : associations, équipe RSE de grands groupes, startups, secteur public… Cela m’a permis de mettre mes choix précédents en perspective, et d’identifier ce qui était important pour moi dans mes prochaines expériences professionnelles. C’est aussi à travers une rencontre, que j’ai été mise en contact avec Nathan, le CEO de La Fourche.
Aujourd’hui vous êtes donc Head of Data à La Fourche, est ce que vous pouvez nous parler de La Fourche et de votre rôle au sein du groupe ?
La Fourche est une start-up fondée en 2018 par trois anciens étudiants d’HEC, qui agit pour la transition écologique. Concrètement, c’est un supermarché bio en ligne qui vise à démocratiser l’accès aux produits bio et éco-responsables. Pour ce faire, elle propose un abonnement à 69€ par an qui permet d’accéder à des produits bio 20 à 50% moins chers que chez les distributeurs classiques de produits bio. Cet abonnement est gratuit pour les personnes en difficulté financière. Une fois la commande passée, les courses sont livrées chez le client ou en point relais.
Quant à mon rôle chez La Fourche, il peut se rapprocher de celui d’une consultante interne. Mon objectif est que les différentes équipes prennent les meilleures décisions possibles, aient les bonnes informations au bon moment. Pour cela, mon équipe et moi partageons des dashboards et analyses ad hoc aux différentes équipes de La Fourche. Par exemple, nous avons fourni à l’équipe Offre un dashboard leur permettant de suivre les ventes par produits, par catégories, par fournisseurs… Ce dashboard est très vite devenu un outil indispensable à cette équipe.
Avez-vous choisi de travailler chez La Fourche du fait de son engagement pour l’environnement ? Savez-vous depuis quand vous souhaitiez donner un sens à votre travail ?
Oui, complètement ! Je voulais vraiment travailler pour une entreprise engagée dans la transition écologique, comme La Fourche. Je voulais donner de mon temps aux entreprises qui agissent pour la transition écologique.
La question du sens au travail est principalement apparue quand j’ai commencé à vivre seule et que j’ai commencé à avoir des expériences professionnelles. Dans ma famille, on avait déjà une certaine conscience écologique, moi y compris, j’entendais parler du réchauffement climatique mais ce n’était pas forcément mon inquiétude principale. Puis, en vivant seule, j’ai petit à petit reconsidéré mes habitudes et les ai changées, comme le fait de manger de la viande. Et finalement, mes valeurs, qui évoluaient, rentraient en contradiction avec le travail que je faisais. Je ne voulais, et ne pouvais, pas passer des dizaines d’heures à me consacrer à un emploi qui n’allait pas dans le sens de mes valeurs profondes.
Pensez-vous qu’il faille avoir des compétences spécifiques, axées sur le respect de l’environnement, afin de postuler dans une entreprise qui cherche à protéger l’environnement ?
Selon moi, il y a deux grandes façons, même s’il y a une infinité de possibilités, pour rejoindre un projet engagé. Premièrement, il y a toutes les compétences dites « classiques » que l’on apprend et développe en école de commerce, dans les associations, durant un stage dans un projet engagé ou non, et qui consistent à savoir monter un projet, le mener à bien, mesurer son succès etc. et qui vous serviront quelle que soit l’entreprise où vous travaillerez. Ensuite, il y a toutes les nouvelles compétences en lien avec la transition écologique comme les sujets de l’énergie renouvelable, de la gestion des ressources, en gestion de l’eau, ou autre. Ce sont des compétences qui pourront vous aider mais qui ne sont pas nécessaires dans tous les projets. Vous avez des compétences, c’est à vous de choisir au service de quel projet vous souhaitez les mettre.
Et au niveau personnel, pensez-vous qu’il faille être un minimum engagé dans la cause environnementale pour postuler au sein de groupes comme La Fourche ?
En tant que recruteuse pour l’équipe data de La Fourche, j’observe que les meilleures candidatures sont celles de personnes qui connaissent bien La Fourche, sa mission, sa raison d’être ; mais il n’est pas nécessaire d’être engagé pour nous rejoindre. Et de manière générale, les entreprises engagées ne sont pas nécessairement fermées au fait que vous ayez d’autres axes d’engagements que leur engagement principal, qu’il soit social, environnemental…
Quelques conseils pour les étudiants, de manière générale et pour ceux qui souhaitent travailler dans le secteur de l’environnement ?
Connaissez-vous vous-même. A chaque expérience que vous vivez, prenez le temps d’identifier ce que vous avez apprécié, ce que vous avez trouvé simple, plus compliqué. Cela vous permettra d’être plus rapide pour identifier quels projets et quels postes pourraient vous convenir. Deuxième conseil, en lien avec le premier : rencontrez des gens qui ont fait des choses qui vous intriguent et inspirent, écoutez leurs expériences, baignez-vous dedans. Ainsi vous pourrez vous mettre à leur place pendant un petit moment et savoir si leur situation vous conviendrait ou non. Enfin, faites vos choix en conséquent, dans la mesure du possible, afin d’être en accord avec vous-même, c’est le plus important !
On remercie chaleureusement Capucine Columelli pour le temps qu’elle nous a accordé !