Rencontre avec Safia Chouit, présidente du Bureau de l’Humanitaire à l’EM Strasbourg

Rencontre avec Safia Chouit, présidente du Bureau de l’Humanitaire à l’EM Strasbourg

Rencontre inspirante avec Safia Chouit, fondatrice de l’association humanitaire Nour et présidente du Bureau De l’Humanitaire à l’EM Strasbourg.

Bonjour Safia, peux-tu te présenter ?

Bonjour, merci de prendre le temps de me recevoir. Je m’appelle Safia Chouit, j’ai 22 ans, je suis née et j’ai grandi à Annecy. J’ai fait une prépa ECS au lycée Berthollet à Annecy pendant 2 ans. J’ai intégré l’EM Strasbourg à l’issue de mes concours, et je suis actuellement en fin de deuxième année.

Au niveau de mon engagement associatif, je n’ai pas commencé en école de commerce, puisqu’en prépa, avec deux amis, nous avons créé une structure à caractère solidaire et humanitaire. Nous y étions tous les trois sensibles, et il n’y avait pas ce genre de structure au lycée, donc nous avons pris contact avec le directeur qui était favorable à l’instauration de cette association, puis nous avons effectué toutes les démarches nécessaires. Nous sommes donc les créateurs de cette association, Nour, qui se relègue d’année en année, avec chaque fois un nouveau bureau et de nouveaux projets. Mon année, nous nous sommes surtout concentrés sur la création de l’association, mais nous avons aussi pu organiser une tombola et envoyer une console dans un hôpital au Maroc. C’est chouette de constater que l’association se réinvente chaque année !

A l’EM Strasbourg, mon association de prédilection est donc le BDH, mais je suis aussi au Bureau Des Etudiants en tant que membre du pôle sponsors. On peut le faire en plus des études et d’une première association, c’est une expérience très différente des autres associations, avec un côté professionnalisant. De plus, j’ai créé des liens très solides avec des gens que je suis très contente d’avoir rencontrés. Si vous en avez l’envie, n’ayez pas peur de lister !

Je suis très satisfaite de ma scolarité jusqu’ici à l’EM Strasbourg, j’ai réussi ma vie associative tout autant que mes études, je me dis que j’ai tout gagné !

Qu’est-ce que le BDH ? 

Le BDH est le bureau de l’humanitaire, c’est l’association à caractère solidaire et humanitaire de l’EM Strasbourg. Nous sommes une petite promo donc nous n’avons qu’une association humanitaire, mais qui est la plus grosse asso de l’école, composée de 93 membres. Nous sommes 5 au bureau, et j’ai décidé de rester à Strasbourg en deuxième année pour reprendre le BDH en tant que présidente.

 

Quelles sont les actions que vous réalisez tout au long de l’année ?

Toutes nos actions sont organisées autour d’un projet phare, la mission humanitaire de fin d’année. Nous mettons en place des actions pour récolter des fonds et envoyer une délégation d’étudiants dans un pays étranger. Nous avons un partenariat pour les missions avec Life Time Projects, une association strasbourgeoise axée sur le développement international et qui propose des missions diverses à l’étranger, car organiser une mission de A à Z est compliqué, donc nous profitons de son expérience. Cette année, nous partons en Colombie, à Rincón del Mar. C’est le même projet que l’année dernière qui a été annulé, et que nous avons décidé de poursuivre. Cette mission est donc le projet phare qui anime l’association. Autour, nous organisons des ventes de chocolats, des tombolas, des campagnes de crowdfunding. C’est ce qui constitue la vie associative, et qui permet de récolter des dons. Mais l’association ne se résume pas à cette mission car tout le monde ne part pas, seules 13 personnes ont la chance d’aller sur le terrain.

A côté, nous organisons des actions plus locales : nous avons un pôle maraudes, qui, tous les mardis entre 19h et 22h, participe aux maraudes avec l’association O cœur de la rue, et nous mettons en place des activités et des sorties pour les enfants de Strasbourg (généralement issus de foyer) comme des tournois de foot, des sorties cinéma…

Le départ en mission dans 3 semaines est l’aboutissement de ces deux années au BDH. De plus, j’ai envie de travailler dans ce milieu, donc je me pose la question d’est-ce que je veux en faire mon activité principale, ou est-ce que je veux m’investir dans l’humanitaire en plus de mon travail. C’est un rêve qui se concrétise, j’aurai la possibilité de savoir ce que cela fait d’être sur le terrain.

 

Qu’apprenez-vous au sein de votre association ?

D’un point de vue professionnel, j’en apprends beaucoup au niveau organisationnel, sur l’anticipation et la gestion d’une association. Au bureau, on régit l’association, en planifiant les dates, les évènements, les partenariats… Je gagne en leadership, en gestion d’équipe, j’apprends comment garder l’équipe motivée, comment faire en sorte que les projets avancent. C’est une expérience très formatrice mais aussi très satisfaisante, car on se rend compte qu’à 5 on peut avancer. Par exemple, deux fois par an, nous organisons un don du sang de A à Z. Je recommande à tous ceux qui ont envie de s’investir un peu plus dans leurs associations de reprendre un bureau ou d’être responsable d’un pôle, c’est une expérience très formatrice.

D’un point de vue plus personnel, avoir une expérience au sein du BDH permet de se rendre compte qu’on n’est pas les plus à plaindre. C’est tout bête mais on ne le réalise pas assez. On peut le voir par exemple avec les maraudes, c’est du concret, on est face à eux, c’est comme une piqure de rappel. On a tendance à pas mal se plaindre alors qu’on ne devrait pas, quand on rentre chez nous le soir on a un toit, on a à manger. Ça me rappelle tous les jours qu’il faut rester positif et profiter de la vie !

 

Comment se déroulent les recrutements au sein du BDH ?

Pour les membres actifs, il n’y a pas de sélection. Il faut cotiser, 12 euros par personne, et ensuite on rattache chaque membre à un pôle de son choix. Les pôles existants sont le pôle évènementiel, le pôle maraudes, le pôle sponsors, le pôle communication, et le pôle petit déjeuner, dans lequel nous organisons, tous les lundis, une vente de gâteaux, cookies, thé, café, lunch box…, ce qui fait vivre l’asso, lui donne de la visibilité, et permet de gagner de l’argent (200/300 euros par petit déjeuner).

Par contre pour les responsables de pôles, il y a une sélection, qui consiste en un entretien en début d’année. Il y a deux responsables par pôles pour garder de la proximité et du contact au sein de l’association. Ils sont des intermédiaires entre le bureau et les membres actifs.

En première année, j’étais au pôle petit déjeuner et responsable du pôle évènementiel. C’est ce poste qui m’a donné envie d’aller au bureau, car j’avais un lien plus direct avec celui-ci. J’ai eu envie de rester à Strasbourg et de prendre des responsabilités. J’ai donc déposé ma candidature, j’ai passé un entretien et j’ai été sélectionnée. C’est parfois effrayant de devoir tout prendre en main mais j’aime organiser les choses. Je ne regrette pas du tout, mon année aurait été beaucoup plus fade sans cette expérience. Même si mon mandat s’est récemment terminé, j’accompagne le nouveau président jusqu’à septembre pour l’aider dans sa prise de responsabilités.

 

Gérer un bureau en école, un réel atout pour la suite de ta carrière ?  

Concrètement oui car quand on arrive en école de commerce, on a peu d’expériences professionnelles. Une association n’est pas une entreprise mais il y a beaucoup de similarités dans la gestion de la communication, de l’image, des évènements, des membres. C’est un vrai plus car on y a plus facilement accès mais ce sont des capacités à mettre en avant plus tard. J’en parle toujours en entretien car il y a beaucoup de choses à dire. C’est une expérience enrichissante et satisfaisante quand on a une bonne équipe. Je me suis rendu compte que c’est bien de déléguer et de se concerter : chaque membre du bureau a des rôles différents mais les prises de décisions sont communes.  

 

Est-ce difficile de gérer un tel poste en parallèle des études ?

Non, ce n’est pas difficile car on a beaucoup de temps libre en école de commerce. On apprend beaucoup, notamment au niveau des capacités managériales dont on a besoin en entreprise, et au niveau du travail de groupe. J’encourage vraiment les étudiants intéressés à s’engager là-dedans. C’est plus difficile pour ceux qui ont un job étudiant même si je connais des gens qui arrivent à coordonner les deux. L’école de commerce est aussi faite pour favoriser la vie associative, c’est du temps dégagé de manière intelligente. C’est une expérience qui permet de faire le lien entre la théorie et la pratique.  

 

Un conseil pour les étudiants intéressés par l’humanitaire ?

Le meilleur conseil que je peux vous donner est d’essayer d’y toucher du bout des doigts. Vous pouvez par exemple faire des maraudes dans la ville de votre classe prépa, ce qui permet de faire une pause mais aussi de sortir de sa bulle. En école de commerce, il y a toujours des associations humanitaires.

Je vous encourage aussi grandement à vous impliquer dans la vie associative. Au début, je faisais attention car je ne voulais pas que mon implication associative se fasse au détriment de mes études, mais en réalité, on a beaucoup de temps. En étant bien organisé, on n’a aucun mal à s’engager dans cette expérience enrichissante et très facile d’accès, qui permet d’arriver plus armé dans la vie professionnelle.

 

Nous remercions grandement Safia Chouit pour le temps qu’elle nous a accordé !