Rencontre avec Adrien Touati : Co-fondateur de la fintech manager.one
Nous avons rencontré Adrien Touati avec Julien Bourbé, co-fondateur de manager.one, à l’occasion de son partenariat avec la carte Navigo. Retour sur son aventure entrepreneuriale.
Pouvez-vous vous présenter et revenir sur votre parcours ?
J’ai étudié d’abord à l’École française d’électronique et d’informatique (EFREI) qui est une école d’ingénieur puis à SciencesPo Paris dont je suis sorti diplômé en 2015. Dès 2009, je fonde GoProd, une filiale du groupe Iliad (la maison mère de Free). J’ai travaillé sur de nombreuses d’innovations comme FreeGo ou encore Freemote aux côtés de Xavier Niel. Quelques mois plus tard j’ai créé une fonctionnalité d’enregistrement à distance de la télé depuis son téléphone que j’adapterai par la suite sur l’application télé loisirs qui a eu un succès retentissant. Enfin après avoir cessé de travailler avec Free, je me suis lancé dans manager.one.
En quoi consiste manager.one ? Comment avez-vous fondé cette entreprise ? D’où vous est venue cette idée ?
Manager.one est une banque en ligne créée par des entrepreneurs, pour des entrepreneurs. Je voulais créer la boîte qu’on voulait avoir en tant qu’entrepreneurs. Il s’agit concrètement d’une banque en ligne pour professionnels qui permet d’avoir une ouverture de compte très rapide. Manager.one permet de gérer les dépenses de milliers de salariés très facilement à travers des fonctionnalités comme les justificatifs de notes de frais.
En quoi votre entreprise se différencie-t-elle des autres néo banques ou des acteurs traditionnels ?
Manager.one se différencie avant tout par le fait que contrairement aux autres banques qui proposent une grille tarifaire opaque et plurielle, nous proposons un tarif unique et identique à tous nos clients. Manager.one inclut dans un prix unique tous nos services et offre une transparence aux entrepreneurs sur les coûts liés à leur compte en banque.
La Banque Wormser Frères commercialise l’offre et se charge des ouvertures de compte, nous sommes en mesure de fournir une large palette de services bancaires que très peu d’acteurs peuvent offrir.
Ce qui fait référence à la notion de néo banque est la double casquette banque en ligne et l’agrément établissement de crédit. Sur le marché il n’y a que deux acteurs que sont Memo Bank et nous, les autres sont des établissements de paiement.
Pouvez-vous nous parler de votre initiative de carte bancaire Navigo ?
Chez manager.one, nous avons l’intime conviction que la carte bancaire doit avoir un multi usage (moyen de transport, accès à un bureau, transfert de fichier sécurisé…). Donc on a proposé à la région Ile-de-France de mettre en place une expérimentation qui consiste à mettre sur la même carte une carte navigo et une carte bancaire manager.one. La France est clairement en retard sur ces sujets. A Londres par exemple, on peut utiliser sa carte bancaire comme badge pour prendre le métro.
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Un moment particulièrement fort de votre aventure entrepreneuriale à partager ?
Un moment marquant a été lorsque nous avons essayé de travailler avec des grandes banques comme BNP Paribas ou HSBC pour intégrer notre offre à leur catalogue. Mais la lourdeur des processus internes a fait que dans le cas de HSBC, après 6 mois rien ne s’est passé. Il est très difficile de faire bouger les grandes banques et créer avec eux des synergies. Elles ont tendance à se décourager rapidement.
Comment définiriez-vous la fintech ? Ce mot peut parfois être obscur pour les étudiants. Est-ce le futur de l’emploi en finance ?
La Fintech est avant tout la contraction de “finance” et “technology”. Il s’agit de toute la technologie qui entoure la finance pour améliorer le domaine.
La finance n’est pas forcément le futur de l’emploi. Le futur de l’emploi est sans nul doute plus dans l’agriculture ou dans l’industrie que dans la finance. Est-ce que la banque est le futur de l’emploi ? Non. Il y a davantage la possibilité de détruire des emplois que d’en créer, et ce à commencer par la disparition des agences bancaires ou des parfois trop nombreuses équipes support. Il faut surtout comprendre que leur processus actuel est obsolète.
Pourquoi les acteurs traditionnels n’arrivent pas à s’imposer ? Comment expliquez-vous le succès des fintech ? Y-a-t-il un désengagement auprès des grandes banques ?
On observe une multi bancarisation depuis quelques années où les utilisateurs ont leur compte en banque associé à une solution de paiement comme par exemple Lydia.
Cependant, les fintech sont encore loin de pouvoir détrôner les banques traditionnelles du fait qu’elles ont un capital confiance qui a pris des années à s’acquérir. Les gens mettent leur argent à la banque avant tout car ils ont confiance en elle, et moins pour l’expérience utilisateur qu’elle propose.
Cela fait que, fort de ce capital confiance, aucune banque traditionnelle n’apporte vraiment d’innovation au service d’une expérience utilisateur optimisée. Pour le proposer, les banques traditionnelles vont essayer de se rapprocher de fintechs notamment en les rachetant pour créer des synergies. Mais l’intégration des process de ces fintech est très difficile du fait du conservatisme des banques.
Le cadre légal en faveur des entrepreneurs s’est-il amélioré en France ?
Pas vraiment, le cadre légal des entrepreneurs en France est toujours aussi complexe et réglementé. Il existe plusieurs problèmes. Un fondamental est la limitation de l’entrée sur le marché avec beaucoup de reportings nécessaires qui permet de faire le tri à l’entrée mais qui bloquent aussi les innovations.
C’est dommage de ne pas avoir un accompagnement de ces acteurs. Si on n’aide pas ces petits acteurs, alors que certains ont un bon potentiel ils vont se faire racheter à terme et ne pourront pas apporter de ce fait d’innovations vraiment impactantes.
Mais il faut reconnaître qu’il y a certains organismes publics comme la Banque publique d’investissement (BPI France) qui font vraiment un bon boulot.
Que diriez-vous aux étudiants qui se sentent une fibre d’entrepreneur ?
Je n’ai qu’un seul conseil : ne pas hésiter à échanger autour de soi et confronter ses idées aux autres. Rester dans son coin ne permet pas d’améliorer son idée et de la faire avancer. Ensuite je conseillerai de trouver un mentor qui est à votre écoute, qui vous aide, qui peut vous apporter des idées, et vous faire rencontrer des gens. En bref, le maître mot est l’échange.
Ensuite, concernant l’expérience d’entrepreneur, ce que je retiens c’est que l’apprentissage en tant qu’entrepreneur est sans commune mesure avec ce qu’on peut apprendre à l’école. Le meilleur moment pour entreprendre est selon moi à la sortie d’école, et si on a une idée, ne pas hésiter à oser, aller au bout de ce qu’elle apporte pour la concrétiser.
Nous remercions Adrien pour son partage d’expérience et ses conseils !
Pour en savoir plus sur leur activité, ci-joint leur site : manager.one