- CARRIÈRE INTERVIEWS RSE & DD
- Alix Portet
- 21 janvier 2021
La RSE chez Phénix et 50 Partners Impact – Rencontre avec Lucie
De nombreuses start ups engagées pour l’environnement se développent aujourd’hui, et la RSE attire de plus en plus d’étudiants de grandes écoles. Nous avons rencontré Lucie Bévierre, étudiante à HEC, qui a effectué un stage chez Phénix et est aujourd’hui en stage chez 50 Partners Impact, et qui nous explique en quoi consistent ses missions !
Peux-tu commencer par nous parler de ton parcours scolaire et professionnel ?
J’ai eu mon bac ES en 2016, et après j’ai fait deux ans de prépa ECE à Franklin. Au bout de deux ans, j’ai intégré HEC. Dès la 1ère année, je suis partie en échange à l’étranger, au Mexique. Là-bas, j’ai trouvé que la ville de Mexico était extrêmement polluée, et que personne n’était sensibilisé au sujet du développement durable. Ça m’a choquée et j’ai eu une prise de conscience écologique. En rentrant l’été de ma 1ère année, j’ai travaillé deux mois dans un restaurant ; là, j’ai été outrée par le gaspillage alimentaire qui était complètement banalisé dans la restauration…
Pour mon stage de césure, je voulais trouver un stage qui avait du sens. Grâce à une amie, j’ai trouvé un stage chez Phénix : c’est une start up qui montre qu’il est possible d’avoir une forte croissance, d’être rentable, et en même temps d’avoir un vrai impact à la fois environnemental et social.
Phénix, c’est une entreprise qui lutte contre le gaspillage alimentaire, et qui fait énormément de dons aux associations caritatives : 120 000 repas par jour, c’est énorme ! C’est son impact social. D’un autre côté, le gaspillage alimentaire est un enjeu majeur pour l’environnement, donc l’entreprise a un double impact. J’ai vraiment été séduite par cette entreprise, et j’y ai fait mon stage en tant que bras droit du CEO (Jean Moreau), et du CFO. C’était parfait parce que je ne savais pas trop dans quel domaine dans l’entreprise je voulais travailler, et là c’était un stage très généraliste. J’ai énormément apprécié l’écosystème de la start up à impact.
C’est pour cela que j’ai décidé de faire mon 2ème stage chez 50 Partners Impact, qui est un accélérateur de start ups. 50 entrepreneurs qui ont réussi (ceux qui ont créé Blablacar, Leboncoin, Showroom Privé, Phénix, …) se sont regroupés pour aider des entrepreneurs à réussir eux aussi. Là, je suis analyste, je dois trouver des start ups, voir si elles correspondent à notre scope d’accompagnement, et pour finalement faire rentrer chaque année 3 à 5 projets dans l’accélérateur. Cela aide les start ups à passer à l’échelle et grossir rapidement.
Comment s’est passé ton recrutement chez Phénix ?
Pour Phénix, j’avais une amie qui était Business Developper sur l’application et qui m’a conseillé cette start-up. J’ai contacté la stagiaire qui était en poste à ce moment-là et j’ai fait une candidature spontanée. J’ai beaucoup insisté parce que je voulais vraiment ce stage !
J’ai eu un entretien avec la RH qui a validé mon profil, puis avec le CFO (le directeur administratif et financier). Il a parlé de moi à Jean Moreau. Ce process s’est déroulé pendant le premier confinement. C’est un poste où ils ne publient jamais d’offres parce qu’il y a plein de candidatures spontanées. Il ne faut pas hésiter à faire des candidatures spontanées, à montrer sa motivation, je pense que c’est super important.
En tant que bras droit du CEO et du CFO, que faisais-tu au quotidien ?
Avec le CFO, j’avais des tâches de fond : je faisais le suivi du chiffre d’affaires des différentes business units, parce qu’on travaille à la fois avec les supermarchés, les grossistes, les commerces de proximité, … Il y a aussi un pôle conseil et toute la partie BtoC avec l’application. Il fallait faire un suivi de toutes ces business units. C’est ce que je faisais au quotidien, ainsi que le suivi de toute la trésorerie. Avec cela, je construisais le reporting mensuel pour les investisseurs de Phénix.
Je préparais aussi les présentations pour le board, c’est-à-dire le comité stratégique qui réunit les investisseurs. J’ai notamment pu assister à la présentation des objectifs de Phénix pour 2023, c’est-à-dire vers où ils voulaient aller, ce qu’ils allaient développer, … C’était super intéressant.
À côté de cela, j’ai fait un peu de veille concurrentielle, c’est-à-dire regarder ce que font les concurrents, voir si éventuellement on ne pourrait pas en racheter quelques-uns, s’il n’y a pas sur le marché des technologies que l’on pourrait racheter.
Jean (Moreau, le CEO, NDLR), lui, est super actif dans l’écosystème ESS, donc je l’aidais un peu à préparer des présentations. Il était très sollicité pour candidater à des labels, des concours d’entrepreneuriat, … Je remplissais les candidatures, comme par exemple celle pour le label Solar Impulse, qui récompense des entreprises qui à la fois sont rentables, et protègent l’environnement. Début janvier, Phénix a eu le label ! Je suis très contente d’avoir pu apporter ma pierre à l’édifice.
J’étais aussi très intéressée par voir ce que faisaient les autres personnes de l’équipe, donc j’ai réussi à aller avec une chargée de projet qui faisait le suivi des magasins régulièrement, pour vérifier que les poubelles des supermarchés se sont bien vidées, qu’il n’y a pas trop de produits qui finissent à la poubelle, que les produits sont bien donnés et ont le droit d’être donnés (on ne peut pas donner de viande hachée ou de crevettes par exemple). On vérifie aussi que la chaîne du froid est respectée, que les chefs de rayon sont bien au courant qu’il y a du don dans leur magasin. C’était vraiment une expérience que de voir les poubelles des supermarchés !
J’ai aussi fait une journée de démarchage des petits commerçants pour l’application Phénix. Concrètement il s’agissait d’aller voir les boulangeries, les épiceries, les bouchers, … On leur demandait s’ils n’avaient pas des invendus qu’ils pourraient revendre sur l’application. J’ai donc fait des missions davantage sur le terrain.
Comment as-tu trouvé ton stage chez 50 Partners Impact ? Tu as cherché sur internet ou c’était par du bouche à oreille ?
C’est Jean Moreau qui m’a présenté 50 Partners Impact, j’ai candidaté et j’ai passé les différentes étapes du recrutement, les entretiens, etc… 50 Partners Impact accompagne des entreprises qui répondent à un objectif de développement durable défini par l’ONU en 2015. Il y a 17 objectifs de développement durable créés par l’ONU :
- Pas de pauvreté
- Faim « zéro »
- Bonne santé et bien-être
- Education de qualité
- Egalité entre les sexes
- Eau propre et assainissement
- Energie propre et d’un coût abordable
- Travail décent et croissance économique
- Industrie, innovation et infrastructure
- Inégalités réduites
- Villes et communautés durables
- Consommation et production responsables
- Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques
- Vie aquatique
- Vie terrestre
- Paix, justice et institutions efficaces
- Partenariats pour la réalisation des objectifs
Par exemple, on accompagne une entreprise qui aide les réfugiés à s’intégrer sur le marché du travail, Wero ; une entreprise qui commercialise une roue de vélo électrique connectée pour donner une seconde vie à ton vélo et l’électrifier, Tee Bike ; une marque de produits ménagers sains, bons pour la planète, sans produits cancérigènes, La Marque en moins… Il y a un peu de tout, mais à chaque fois ce sont des entreprises très engagées !
En effet, ne rentrent dans l’accélérateur que des boites à impact, qui cherchent à résoudre un problème. Par exemple, il existe des boites responsables, mais dont l’objectif de départ n’est pas de résoudre un problème majeur. Du coup, ce qu’on fait a du sens, on ne rencontre que des personnes qui veulent faire le bien, c’est un super environnement !
Concrètement, comment se passe ta mission dans cet accélérateur ?
Je me suis abonnée à énormément de newsletters, je suis de très près l’activité de start ups, pour repérer des entreprises, que ce soit une entreprise agritech (un produit alimentaire, sur toute la chaine de la fourche à l’assiette), « greentech » (dans l’énergie, la mobilité), dans l’économie circulaire, la « social tech », c’est-à-dire qui intègre des personnes marginalisées, ou « Ed tech », c’est-à-dire dans l’éducation, … Sur tous ces sujets, je fais de la veille pour voir s’il y a de nouvelles start ups intéressantes et dans notre scope : il faut qu’à la fois elles aient fait la preuve de leur concept, il ne faut pas qu’elles soient toutes petites, mais en même temps elles ne doivent pas non plus être déjà trop grandes, avoir fait de grosses levées de fonds. Moi, je source ces start ups.
Ensuite, je contacte les entrepreneurs, je leur présente 50 Partners et je leur pose quelques questions sur leur projet pour vérifier que cela répond bien à ce que l’on recherche. Après, on va faire différents rendez-vous avec les start ups, pour voir si elles sont intéressées, si elles répondent aux critères. En effet, elles donnent 7% de leur capital en échange du mentoring des Partners qui ont super bien réussi, de l’accès aux bureaux, de l’accès à tout l’écosystème 50 Partners. Il y a plein d’entreprises qui sont reliées à 50 Partners et qui vont faire du mécénat de compétences, c’est-à-dire les aider sur certains sujets ; c’est une forme de conseil. Il y a aussi plein de partenariats avec des incubateurs partout dans le monde, donc si la start up veut lancer un produit à l’étranger, elle peut aller dans un incubateur partenaire.
C’est un jeu de séduction réciproque : il faut qu’elles nous plaisent et correspondent bien à toutes nos critères, mais il faut aussi qu’on leur plaise et qu’elles acceptent de rentrer dans l’accélérateur et qu’on possède 7% de leur capital. Donc on fait ces rendez-vous, et si la start up et l’équipe sont bien, on les présente au Comité, c’est-à-dire aux 50 Partners qui vont accepter ou non que la start up entre dans l’accélérateur. Les Partners, eux, sont des associés ; ils mettent de leur argent dans les start ups, donc ils ont un réel intérêt à ce que les start ups réussissent. Toutes les ressources sont donc mobilisées pour que les start ups réussissent, et les Partners sont très impliqués dans les projets.
Qu’est-ce que te plait le plus dans ce système, en tant qu’analyste ?
J’adore cet écosystème, voir les nouvelles innovations. Je m’intéresse particulièrement à l’alimentaire, aux alternatives aux protéines animales, je trouve ça super intéressant ! J’aime voir ce qui se crée, et être au cœur de l’innovation, cela donne un brin d’optimisme, de se dire que plein de gens œuvrent pour le changement en mettant en place des initiatives. En plus, les sujets sont très variés, et j’ai la chance d’interagir avec des entrepreneurs, ce qui est passionnant ! Ces personnes sont passionnées, elles prennent des risques pour créer leur boite, ils ont réellement du mérite.
En plus, cela fait un réel lien avec ton stage chez Phénix. Penses-tu que tu vas continuer dans cette branche dans la suite de ta carrière ?
Oui, je pense que je vais rester dans l’impact. Après, il y a plein de voies différentes, je ne sais pas si je vais créer ma boite, si je vais continuer dans l’investissement, si je vais rejoindre une boite qui existe déjà, … Je verrai bien !
As-tu des conseils pour les étudiants intéressés par travailler chez Phénix, chez 50 Partners, ou de façon générale dans la branche du développement durable ?
De manière générale quand on veut un stage, il ne faut pas hésiter à montrer sa motivation. Il faut insister, relancer, envoyer des mails. Il faut oser, ne pas se mettre de barrière. C’est toujours flatteur, quand on crée son entreprise, de voir quelqu’un qui est motivé parce que l’on fait.
Bien sûr, il faut s’y prendre un peu à l’avance pour rechercher un stage. Mais il faut savoir aussi qu’il y a des offres qui se font à la dernière minute.