- EMLYON STUDENT LIFE
- Maxime Lescure
- 25 avril 2021
Du centre de formation de Dijon à une Grande Ecole de commerce
Retour sur le parcours de Julien Oudet, étudiant au profil très inspirant. Ancien joueur de football au centre de formation du Dijon Football Côte d’Or, actuellement étudiant à emlyon business school.
Peux-tu nous résumer ton parcours scolaire ?
En 2017, j’ai obtenu un Bac Scientifique avec la mention Très Bien au lycée privé Les Arcades à Dijon en double cursus sport-études. Après cela, j’ai rejoint l’IUT (Institut Universitaire de Technologie) pour y suivre une formation de 2 ans, un DUT GACO (Gestion Administrative et Commerciale des Organisations).
Cela me permettait d’avoir un bon équilibre entre sport et études. En effet, je pouvais aller à l’école de manière sérieuse tout étant au centre de formation du DFCO. Cette belle aventure a durée deux ans, dont une en terminale et une autre en première année universitaire. Lors de ma deuxième année de DUT, l’aventure avec le DFCO s’est arrêtée et c’est à ce moment-là que j’ai essayé de réfléchir à ce que je voulais vraiment faire. La meilleure opportunité était de poursuivre les études puisque c’était l’option la plus sûre.
L’année dernière, j’ai effectué une classe préparatoire Adaptation Technicien Supérieur en parallèle avec la Licence Administration Économique et Sociale à l’Université de Bourgogne.
Actuellement, j’étudie à emlyon business school.
Peux-tu nous résumer ton parcours footballistique ?
Le football est un sport que j’ai découvert personnellement. Je ne suis pas issu d’une famille de footeux. C’est surtout en regardant les matchs de l’équipe de France à la télévision qu’est né cette envie de pratiquer ce sport.
Pour résumer mon parcours footballistique, j’ai commencé à l’âge de 6 ans dans le club de ma ville à Chevigny-Saint-Sauveur (Bourgogne), avant de partir à l’ASPTT Dijon Football en u11 (catégorie de moins de 11 ans) jusqu’en u19 national. Grâce à ce club, j’ai énormément progressé puisque j’ai joué en u15 interligue, u17 national et une année en u19 national.
Par la suite, j’ai rejoint le Dijon Football Côte-d’Or à 17 ans pendant 2 années où j’ai joué principalement en u19 national avec quelques incursions en National 3 (c’est l’équipe 2 sénior et la réserve du groupe professionnel).
Après ça, j’ai vraiment mis l’accent sur les études sans arrêter le football pour autant. Je suis revenu dans mon premier club à Chevigny où j’ai joué jusqu’à cette année, avant qu’il y ait la crise sanitaire.
Selon toi, quelle est la corrélation entre les études et le football ?
Plus qu’une corrélation, c’est vraiment compatible !
Les compétences développées dans un domaine peuvent servir dans l’autre. Le travail de groupe est quelque chose que l’on apprend dans un sport comme le football. Celui-ci m’a aidé à m’intégrer dans les différents groupes de travaux à l’école. Encore actuellement, il m’aide à communiquer avec les autres et à ne pas être passif. Jouer au football, c’est être motivé et avoir un comportement de gagnant, ce qui est essentiel à l’école pour avoir les meilleurs résultats.
Le sport et les études permettent de développer des valeurs qui sont utiles lors d’une carrière professionnelle. Pendant un entretien professionnel, on peut démontrer au recruteur à travers la pratique d’un sport, que l’on a l’habitude de gérer plusieurs projets en même temps. En entreprise, il est assez rare de travailler individuellement. En effet, savoir vraiment travailler en équipe est un véritable gain pour la performance des sociétés.
Tu étais étudiant et sportif de haut niveau en jeune, comment arrivais-tu à conjuguer les deux ?
Cela se passait très bien. C’était surtout une question d’organisation, de motivation, de mentale et de connaissance de soi.
En tant qu’étudiant avec le statut sportif de haut niveau en jeune, je ne pouvais pas me permettre d’aller faire la fête tous les jeudis soir. Comme je ratais des cours la journée, il fallait que je sois motivé pour les rattraper le soir.
Le mental me permettait de faire la part des choses entre le football et les études. Des fois, j’avais des échecs dans le foot et ils ne devaient pas avoir de répercussions sur mes notes.
Globalement, je faisais en sorte que les deux domaines me tirent vers le haut et me permettent de m’épanouir au maximum.
Quelle est la semaine type d’un joueur en centre de formation et d’un lycéen en Bac S ?
Au lycée, j’étais mélangé avec des élèves ayant un emploi du temps classique et d’autres lycéens avec le statut de sportifs de haut niveau. Les sports de la classe étaient variés, il y avait du football, du handball, de l’athlétisme, du hockey. Sur 25 élèves, nous étions une quinzaine de sportifs de haut niveau. La classe était spécialisée et les horaires étaient aménagés. Cependant, les heures d’entraînements empiétaient quand même sur les cours. Par semaine, je loupais entre 8 et 10 heures de cours.
Ma semaine type :
Lundi, Mardi, Jeudi et Vendredi : cours de 8h à 15h & entraînement de 15h à 17h (je loupais les cours de 15h à 17h)
Mercredi : entraînement le matin de 10h à 12h et l’après-midi de 15h à 17h (ce jour-là, je loupais 4h de cours)
Samedi : en principe, c’était repos. Mais il était possible d’avoir entraînement le samedi matin, la veille du match.
Dimanche : jour de match
Étant donné que je jouais au niveau national, il y avait un déplacement assez long qui était fait une semaine sur deux les dimanches. Je passais la journée dans le bus.
Quelle était ton organisation pour être performant sur le terrain et à l’école ?
Quand j’évoluais au centre de formation du DFCO, j’avais la chance la chance de vivre chez mes parents, donc j’étais externe. Ils n’habitaient pas loin du centre et quand j’y repense, c’était un véritable soutien psychologique.
Pour être performant j’avais une routine. J’allais en cours le matin et l’après-midi, à l’entraînement. Après le sport, je rentrais à la maison pour travailler mes cours, passer du temps en famille, manger et dormir.
Ce qui était compliqué, c’était de résister aux petites tentations qui pouvaient déstabiliser les performances. Il fallait aussi être fort psychologiquement pour ne pas laisser les échecs d’une activité avoir des répercussions sur une autre activité.
Pourquoi as-tu décidé de te concentrer sur les études et de ne pas continuer exclusivement dans le football ?
À l’époque, je faisais partie d’un centre de formation avec l’équipe première qui était en Ligue 1 (le plus haut niveau de football en France) mais dans un club qui n’était pas dans les hauts de tableau et qui en somme, n’avait pas une réelle influence en Europe.
Je me suis alors penché sur les jeunes du même âge que moi qui, 5 ans auparavant avaient continué dans le football pour voir ce qu’ils avaient fait. Que ce soit à Dijon ou dans d’autres clubs en France, j’ai pu remarquer qu’il y avait beaucoup de joueurs qui jouaient à un très bon niveau (Ligue 2, N1). Mais le pourcentage de personnes qui avaient réussi à signer un contrat professionnel digne de ce nom était très faible. Ce que je définis comme un contrat digne de ce nom est un contrat permettant de gagner suffisamment d’argent pour vivre convenablement.
La carrière de footballeur de haut niveau est assez courte, donc j’ai fait un comparatif avec les offres que j’avais. J’ai reçu des offres de clubs de National 2 et 3, j’étais content et très honoré. Le problème était que cela représentait beaucoup de temps pour ne pas gagner forcément beaucoup d’argent.
En pesant le pour et le contre, j’ai continué mon chemin vers les études car cela représentait moins de risques, c’était moins hasardeux. Maintenant, j’ai la possibilité de faire des études et de continuer le football à côté des cours, qui est de base une passion.
Quel joueur de football t’impressionne de par son état d’esprit et pourquoi ?
Cristiano Ronaldo est connu pour être le footballeur professionnel par excellence.
Sa rigueur, sa force de travail et le fait de répéter les performances de qualité au haut niveau comme il le fait, m’impressionnent depuis petit.
En jouant au football à un bon niveau, on se rend compte qu’on peut rapidement avoir des pépins physiques. Sur ce point-là, il m’impressionne encore puisqu’il n’est quasiment jamais blessé.
Toutes les qualités que je viens d’énoncer font de lui le meilleur joueur du monde, selon moi.
Quel est l’entraîneur/manager qui t’inspires ?
Très récemment, c’est Zinédine Zidane qui m’inspire.
Zidane est un entraîneur respectable sur plusieurs points. De par sa carrière et son charisme, je suis persuadé qu’il est positionnable dans n’importe quelle équipe et qu’il saura s’imposer. Il a une telle connaissance du métier qu’il peut influencer n’importe quel groupe qui se trouve autour de lui.
Plus tard, j’aimerai être ce genre de personne dans ma vie professionnelle. J’ai envie d’être un collaborateur en qui les gens ont confiance et qui puisse instaurer des énergies positives.
Que penses-tu de la gestion de carrière globale de Z.Zidane ? Un ancien footballeur professionnel devenu entrepreneur puis entraîneur de haut niveau.
Il réussit en tant qu’entraîneur actuellement, mais aussi en tant que joueur quand il était professionnel. Il respire football.
La gestion de sa carrière est très bonne parce qu’il s’est construit en tant que footballeur, que ce soit mentalement ou physiquement. Il a l’habitude de vivre en ayant une certaine renommée auprès des autres. Quand il est arrivé à son apogée, il a réussi à utiliser toutes ses compétences pour les mettre au profit d’une nouvelle profession qui est celle de coach pour très bien réussir.
Étant donné ton parcours, tes ambitions sont-elles de travailler dans le sport ou dans un autre domaine ?
Pour l’instant, travailler dans le secteur sportif ne m’intéresse pas. Dans le sport, ce qui m’intéressait, c’était surtout la pratique du football au haut niveau en tant que joueur. J’apprécie le monde du sport mais je n’ai pas envie de travailler dedans.
Aujourd’hui, je n’ai pas de secteur particulier en tête où je veux absolument travailler même si j’aime bien l’automobile. Ce qui m’intéresse, c’est surtout un métier qui n’est pas répétitif avec des responsabilités. J’aimerais être au centre de toutes les fonctions, pour pouvoir être dans une dynamique d’apprentissage tout au long de ma carrière et ainsi ne pas avoir l’impression de stagner.
Pour conclure, je pense que travailler dans la stratégie d’entreprise est vraiment ce qui me correspond. Cela permettrait que je me dépasse et que je puisse faire différentes choses, je suis pour la progression. En cela, je n’ai surtout pas envie d’effectuer des tâches chronophages qui n’ont aucun sens.
Quels sont les conseils que tu donnerais aux étudiants sportifs de haut niveau qui souhaitent s’orienter vers une grande école de commerce ?
Déjà, s’orienter vers une école de commerce est bien ! Cela veut dire que la personne ne va pas lâcher les études, ce qui est la chose à ne surtout pas faire.
Par exemple, pour un footballeur il ne faut surtout pas se dire que puisqu’on est en centre de formation, on a une place assurée dans le milieu professionnel. Dans la réalité, c’est très rare même pour les meilleurs, d’être professionnel.
Si la personne a le statut de sportif, et qu’elle est déjà engagée dans des études supérieures, faire une prépa ATS/licence AES en Bac +3 est la meilleure solution pour rejoindre les meilleurs Business Schools françaises.
Sinon il faut réviser les concours seul, ce que je trouve assez compliqué quand personne n’est derrière soi pour nous guider et nous donner les tips & astuces.
Le mot de la fin ?
En tant qu’ancien sportif de haut niveau et actuel étudiant à emlyon business school, je reste assez satisfait de mon parcours. C’est une école que je ne pensais vraiment pas atteindre, un top 5 était quasi inimaginable pour moi. Je dois cela à du travail mais également à la prépa ATS qui fut un véritable tremplin.
Pour les jeunes sportifs de haut niveau ayant une expérience similaire à la mienne, je pense qu’il ne faut pas fixer toutes ses pensées et ses ambitions dans le sport parce que ça reste très hasardeux. L’école reste la porte de sortie la plus sûre, j’en suis certain !