Interview d’Arthur Auboeuf, co-fondateur de Time for the Planet
- ACTU BUSINESS CARRIÈRE INTERVIEW
Ambre Billy
- 21 février 2022

Time for the Planet est une entreprise lyonnaise qui a pour but de créer 100 entreprises afin de lutter contre le réchauffement climatique. Ci-dessous l’interview d’un des co-fondateurs !
Est-ce que tu peux te présenter ? Quel a été ton parcours avant Time for The Planet ?
Arthur : J’ai commencé par faire une FAC de sport, car je ne savais pas trop ce que je voulais faire de ma vie, et comme j’aimais le sport, je me suis dit que ça allait être un bon moyen de trouver ce que j’aime. Il s’avère qu’en fac de sport on a 6 mois de vacances par an, ce qui est une planque absolue ! Pendant mes vacances, j’ai commencé à créer des communautés sur les réseaux sociaux , notamment sur Facebook.
Malgré plein d’échecs, quelques-unes ont commencé à démarrer. Une communauté a commencé à prendre vraiment de l’ampleur (plusieurs millions d’abonnés), je l’ai donc transformé en média. Une fois qu’on avait fait un premier média et qu’on a vu que les communautés fonctionnaient, on a décidé d’en créer d’autres, pour les faire grandir à l’aide des communautés déjà existantes ! On s’est donc retrouvé avec 12 millions d’abonnés, tout secteurs confondus ! Après avoir créé et revendu plusieurs boîtes, j’ai géré l’Europe pour un réseau social américain, mais cela n’avait pas vraiment de sens pour moi …
J’ai donc beaucoup réfléchi à ce qui me préoccupait le plus, et nous avons décidé de lancer Time for the planet !
Peux – tu expliquer le concept de Time for the Planet en quelques mots ?
Arthur : Time for the Planet est né d’une prise de conscience il y a quelques années entre 6 personnes. On a remarqué que l’entreprise est un outil formidable pour donner plus de pouvoirs aux citoyens qui veulent agir.
Ainsi, nous avons essayé de créer un modèle d’entreprise qui s’affranchisse des contraintes que l’on a aujourd’hui, et qui soit entièrement pensé et paramétré pour être au service de l’urgance climatique. Or, les innovations pour réduire les gaz à effet de serre existent déjà, mais les scientifiques ne sont pas des entrepreneurs et donc elles ne passent pas à l’échelle.
Ainsi, notre mission est de détecter des innovations à impact et de les développer à l’échelle mondiale. Pour ça, on recrute des équipes entrepreneuriales, on injecte de l’argent dans les innovations, on utilise la communauté Time for the Planet, et on met les innovations en open source !
Comme nous sommes un mouvement, tout le monde peut participer à l’aventure et devenir associé. Les gens attendent seulement ce qu’on appelle un « dividende climat », c’est-à-dire des tonnes de gaz à effet de serre non émise ou captés.
Des conseils pour les étudiants qui voudraient se lancer ?
Arthur : Il faut se défaire du syndrome de l’imposteur, c’est primordial ! On a toujours l’impression que ceux qui font sont légitimes pour faire. Mais la vérité, c’est que ceux qui font sont les moins légitimes pour faire. Si un sujet me plaît, mais que je n’y connais pas grand-chose, tant mieux, car c’est ça qui me stimule !
Je me cultive, je découvre un nouveau monde, j’apprends à le connaître. Ainsi, en montant une boîte dans un secteur inconnu, vous avez toutes les chances d’être beaucoup plus pertinent que celui qui est déjà l’expert de ce milieu ! Lui va être beaucoup plus restreint. Alors que vous, vous irez tester des choses, et c’est dans ces voies-là qu’il y a des solutions intéressantes !
Allez vers des domaines qui vous intéressent sans vous soucier que vous n’êtes pas un pro !
De toute façon, sur tous les sujets qui deviennent majeurs pour notre génération, il n’y a pas d’experts, il n’y a pas eu le temps d’en avoir !
Y’a– t – il eu des levées des fonds autre que celles citoyennes pour Time for the Planet ?
Arthur : Time for the Planet a commencé seulement avec les levées de fonds citoyennes. Aujourd’hui, nous commençons à lever des fonds auprès de d’autres types d’individus, comme des entreprises, des family offices ou bien des fonds d’investissement.
Cependant, si on n’avait pas les citoyens avec nous, personne ne s’intéresserait à notre projet, car les critères réussites sont extra – financier. Ainsi, le fait qu’il y a beaucoup de citoyens dans le mouvement est très important pour nous !
Est-ce que les citoyens peuvent aussi s’investir dans le fonctionnement de l’entreprise ?
Arthur : Oui, tout le monde peut dépasser son investissement financier ! Pour ceux qui le souhaitent, ils peuvent prendre part à la galaxie de l’action (5000 associés actifs). Ils peuvent participer à faire grandir Time for the Planet avec leur réseau, leur temps : certains traduisent notre site, d’autres nous obtiennent des rendez-vous avec des personnalités…
Quelles sont les dernières actions accomplies par Time for the Planet ?
Arthur : Après avoir reçu plus de 700 innovations (qui passent par un processus de sélection très poussé), nous avons lancé les 3 premières innovations fin décembre 2021.
Elles sont très complémentaires, mais à la fois singulières, cela montre la typologie d’innovations sur laquelle on est capable d’aller. On a par exemple Beyond the Sea qui permet de développer des voiles de kite surfs géants sur navires gros porteurs, notamment pour la marine marchande.
Cela permettrait de réduire de plusieurs dizaines de pourcent leurs émissions de gaz à effet de serre.
Quelle est la stratégie de développement de Time for the Planet à l’international ?
Arthur : On chercher des « équivalents » de nous ! Nous cherchons des « keeper », qui sont des personnes très engagées pour faire grandir Time for the Planet. On pense que dans le futur, on sera 30/40/50 keepers, car il y en a aura 3 en Espagne, 2 en Angleterre … On cherche des gens qui vont faire ce que l’on a fait afin de faire grandir la communauté plus vite !
Comment s’investir en tant qu’étudiants quand on n’a pas forcément les moyens d’investir beaucoup d’argent ?
Arthur : Ce qui fait la différence, c’est le nombre de personnes qui investissent ! Même 1€ c’est utile, car plus on est plus on arrive à aller chercher des milliers d’euros derrière. Votre 1€ pèse des millions d’euros si vous êtes nombreux à le faire.
Ce qui est aussi important, c’est de parler de Time for the Planet autour de soi. Aujourd’hui, on ne grandit pratiquement que grâce aux bouches à oreille des associés !
Conclusion
Tout le monde peut devenir associé, et peut aussi dépasser son investissement financier. Par son nouveau business model, Time for the Planet révolutionne totalement l’entreprise, en rendant les enjeux environnementaux et sociaux plus important que ceux financiers !
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