Apple, un nouveau géant dans le secteur financier ?

Apple, un nouveau géant dans le secteur financier ?

Avec l’introduction de sa carte de crédit Apple Pay (et bientôt Apple Pay Later), une possibilité de payer en quatre fois sans frais, la firme située à Cupertino tente de rebattre les cartes des services financiers en proposant sa propre offre.

 

Le secteur financier, un secteur qui a toujours attiré les géants de la Tech

Apple n’est pas le premier géant du numérique à se rêver financier. Nombre d’entreprises se sont déjà cassées les dents, notamment Facebook en 2019, à travers sa monnaie numérique, « Le Libra », un projet remplacé après 1 an et demi pour laisser sa place au Diem, à son tour avortée 7 mois après. Fin janvier 2022, Facebook devenu Meta Plateforms, tente de sceller tous les actifs liés à ce projet pour restituer du capital à ses investisseurs. Bloomberg indique par ailleurs, que c’est la pression exercée par la Réserve fédérale des États-Unis, n’étant pas en total accord avec les plans du partenaire du projet (Silvergate Bank quant au stablecoin Diem), qui a donné le « coup de grâce » au projet.

Contrairement à ce que nous pourrions croire, la percée d’Apple au sein des services financiers n’est pas récente, elle remonte au lancement discret d’Apple Pay, il y’a 8 ans. Les experts se montraient alors plutôt sceptiques, mais le service de paiement sans contact d’Apple s’est imposé au fil du temps. Aujourd’hui, les trois quarts des utilisateurs d’iPhone aux Etats-Unis l’utilisent, selon les estimations de Loup Venture. Depuis août 2019, Apple propose sa propre carte bancaire, l’Apple Card, proposée en partenariat avec Goldman Sachs. En juin dernier, Apple a décidé de se passer de partenaire pour lancer Apple Pay Later, qui permet aux utilisateurs de régler leurs achats en quatre fois sans frais.

Lire plus : Rencontre avec Marco Landi – Ex directeur monde d’Apple

 

L’Apple Pay Later, une nouvelle étape dans un projet encore plus vaste ?

À l’occasion de sa conférence WWDC 2022, Apple a annoncé une mise à jour majeure d’Apple Pay, appelée Apple Pay Later, qui permettra aux utilisateurs de répartir le coût d’un achat effectué avec Apple Pay en quatre paiements égaux sur six semaines, sans intérêts ni frais de retard. Apple Pay Later vient donc concurrencer directement d’autres solutions comme Affirm, Afterpay, PayPal ou encore Klarna. Apple Pay Later « permet de visualiser, suivre et rembourser facilement », selon les déclarations d’Apple.

En se passant de son partenaire Goldman Sachs, Apple va finalement lui-même gérer les prêts pour son nouveau service, ce qui a nécessité une certaine réorganisation, et notamment la création d’une nouvelle filiale, Apple Financing LLC, qui s’occupera de fournir des services de prêt aux consommateurs. Tim Cook a également annoncé que « dans les prochains mois », le groupe californien proposera des comptes d’épargne rémunérés à ses clients et à ceux de la banque américaine. Ce service permettra aux utilisateurs d’Apple Card « d’accumuler, au fil du temps, des récompenses quotidiennes en espèces, tout en économisant pour le futur ».

Lire plus : Classement des matchs de football avec le plus de spectateurs

 

Les régulateurs sont sur le qui-vive

Mais les régulateurs pas dupes sur ce projet, scrutent de près le projet, à l’instar de « Libra » de Meta. En France, l’Autorité de la concurrence a alerté l’an dernier sur la menace que représentent les GAFAM pour la finance. Au Royaume-Uni, la Financial Conduct Authority (FCA), a ouvert une enquête le 24 octobre pour passer en revue les investissements des grandes entreprises de la tech dans la finance. Evidemment, les consommateurs pourraient bénéficier des nouveaux produits et services offerts par les Gafa, reconnaît le régulateur britannique. Mais, à terme, cela pourrait leur permettre « d’exploiter leurs écosystèmes » et d’y « enfermer » les consommateurs, s’alarme la FCA.

Lire plus : To Good To Go s’attaque à la grande distribution

 

Apple, un leader naturel mais les grands groupes n’ont pas dit leur dernier mot

De tous les Gafa, Apple semble le mieux positionné pour percer dans la finance. « Apple se présente comme un champion de la confiance, du respect des données des utilisateurs et de la sécurité, explique Alyson Clarke (analyste chez Forrester) aux Echos. Avec l’Apple Card, Apple ne récupère pas de données. Ils n’essaient pas de vous vendre des produits grâce à vos données ».

Amazon semble également vouloir s’offrir une part du gâteau. Le groupe souhaite créer une « banque sur mesure » en s’inspirant des éléments clés de l’expérience bancaire moderne tout en les transformant en fonction des besoins de ses clients. L’entreprise de Seattle propose surtout des services de paiements en ligne, adaptés à son site d’e-commerce, ainsi que des produits bancaires classiques (carte de crédit, compte de dépôt et compte d’épargne) grâce à une alliance avec Chase. Quant à Google, son projet de compte bancaire a surtout été arrêté à cause de problèmes d’organisation interne. 

Lire plus : Warren Buffett : Comment gagner 120 milliards de dollars grâce à Apple ?

 

Pour conclure, ces différentes annonces du groupe fondé par Steve Jobs nous permettent d’imaginer un futur dans lequel les acteurs traditionnels de la finance sont peu à peu remplacés par les géants de la tech. Malgré tout, les régulateurs veillent et ces projets de longue haleine mettent du temps à émerger.