Adrien Fenech, “Forbes 30 under 30 France” et CEO d’Estimeo

Adrien Fenech, “Forbes 30 under 30 France” et CEO d’Estimeo

“Il m’a payé un sushi et j’ai dit oui”. Voilà comment Adrien Fenech, président d’Estimeo et Forbes 30 under 30 France en 2022, raconte son aventure entrepreneuriale. Il est actuellement président d’Estimeo, une plateforme d’information, de notation et de valorisation de startups. 

 

Estimeo, à travers une méthode hybride mêlant algorithmie et intelligence humaine, analyse les risques, note et valorise les startups. Les rapports de notation et de valorisation prenant en compte l’immatériel sont ensuite distribués via une plateforme où se connectent tous les acteurs de l’écosystème de l’innovation. Les notes permettent aux innovateurs de mieux se connaître, d’analyser l’état d’avancement de leurs projets et par conséquent d’entrer en relation avec des investisseurs, des incubateurs et des partenaires Business”. 

 

Peux-tu nous présenter brièvement ton parcours ?

Je m’appelle Adrien Fenech, j’ai 31 ans et je suis ingénieur informatique. Après l’obtention du baccalauréat, j’ai fait EPITA, qui est une école d’ingénieurs en intelligence informatique. Ensuite, pour mon stage de fin d’étude, j’étais chargé de recherche et développement sur Androïd. Mais, à la fin de ce stage, j’ai voulu changer d’environnement, et j’ai démarré en freelance. C’est là que coïncide le moment où Estimeo commençait à naître. Sinon, j’ai encadré aussi des formations en cybersécurité, été chargé de cours à l’université Paris-Dauphine, été mentor dans des incubateurs, été chef cuisinier et failli devenir handballeur professionnel.

 

Comment l’agence de notation pour startups Estimeo est née ? 

Pour commencer, c’est au détour d’une table-ronde à la “Cité de la réussite” que j’ai rencontré Florian Bercault, mon ex-associé et le cofondateur d’Estimeo. En fait, c’est un événement, organisé avec des entreprises du CAC40, où il y a des débats, dans les amphithéâtres de la Sorbonne. Quand Florian s’est présenté pour la première fois, à notre table, j’ai été impressionné par son parcours. C’est pourquoi, je me suis toujours dit que si Florian me proposait un projet dans le futur, je dirais oui. Par la suite, on s’écrivait seulement une fois par an pour se souhaiter un “Bonne année” sur Messenger. Finalement, ça n’a pas loupé. Deux ans plus tard, Florian est venu avec cette idée d’agence de notation de startups. C’était très flou, même la définition, il fallait qu’on l’invente. Puis, on a fixé un rendez-vous pour en discuter, mais il devait m’inviter. “Il m’a payé un sushi et j’ai dit oui”. En effet, j’avais envie de sortir de ma zone de confort de ce rythme métro-boulot-dodo. 

 

Lire plus : Zoom sur les agences de notation pour les startups 

 

D’où vient le nom “Estimeo” ?

Encore une fois, c’est Florian Bercault qui a eu l’idée du nom. Si je me souviens bien, le nom vient de deux choses. Déjà, en 2017, c’était la mode des “éo”. Et puis on montait une agence de notation donc on estimait. “Estimer” et ‘“éo” ont donné “Estimeo ».

 

Quels sont les objectifs pour Estimeo dans le futur ?

Dans le futur, j’aimerais qu’Estimeo ne perde pas toute la valeur qu’elle a créé, qu’on transmette toutes les connaissances qu’on a appris sur le sujet et qu’on se développe à l’international. On a déjà créé une antenne à Londres il y a deux ans, qui est encore en phase de lancement. Mais il faudrait davantage aller à l’international. Par exemple, le marché africain “c’est la ruée vers l’or d’un point de vue investissement”. Mais il y a une barrière culturelle importante, notamment en Asie, donc il est nécessaire d’avoir des personnes sur place pour remonter la boîte là-bas. On recherche “des locaux à la croisée des mondes”. Parce que les critères d’évaluation des startups sont aussi différents selon les pays. 

 

Pourquoi les agences de notation de startups ne sont-elles pas développées dans d’autres pays ?

Disons que les agences de notation de startups c’est franco-français et qu’à l’étranger on n’en voit pas l’intérêt. En fait, la seule chose qui a de l’intérêt c’est le “Credit Scoring”. À l’étranger, il y a essentiellement des bases de données de startups. 

 

Lire plus : Les agences de notation : on fait le point

 

Réussis-tu à avoir un bon équilibre entre ta vie professionnelle et ta vie personnelle ?

Étant donné que j’ai une vie plutôt stable, j’investis beaucoup de mon temps disponible dans ma vie professionnelle, mais ça reste très compliqué. Ce sont les problèmes de l’entrepreneur. Il faut s’entourer de personnes compréhensives sur ton mode de vie, notamment parce que presque chaque soir j’ai un event. C’est du networking sur l’espace privé. Dans le futur, ça sera sûrement plus compliqué avec une vie de famille et il faudra faire des choix. Quand Florian faisait encore partie de la société, il était un peu plus organisé que moi, donc il avait sûrement plus de temps pour sa vie personnelle. 

 

Est-ce que cette vie te plaît ? 

Oui, aucune journée ne se ressemble. “J’ai toujours des opportunités, de la nouveauté et je redécouvre sans cesse ma boîte”. “C’est tout un écosystème et j’ai le bonheur de l’aider”. Depuis le Covid, l’écosystème a un peu changé. Effectivement, ces sept dernières années étaient des moments d’euphorie au niveau de la croissance des startups : c’était la “startup nation”. Malheureusement, depuis l’année dernière, c’est la fin de cette période. Actuellement, ça me fait plaisir de voir des étudiants qui lancent des projets, c’est une fierté qui va au-delà du salaire et des actions. 

 

Comment as-tu réagi vis-à-vis de ton classement au “Forbes 30 under 30 France” en 2022 ? Tu devais être fier ?

Alors, oui, bien sûr que j’étais fier. C’est la “consécration de l’entrepreneur” et “ça fait chaud au coeur”. De plus, ça a aussi permis de montrer à ma famille et à mes amis que ce que je faisais depuis des années avait du sens et que les gens s’y intéressaient. Mes parents étaient très fiers. Moi aussi d’ailleurs car je n’y croyais pas et je ne m’y attendais pas. Pour la petite anecdote, je n’ai même pas déposé ma candidature et je ne sais même pas qui l’a déposée à ma place… J’ai compris que j’avais été élu quand le président du Forbes 30 under 30 France m’a tagué dans un post Instagram.